Une technologie de surveillance à distance basée sur l’intelligence artificielle mise au point par une professeure de l’Université McGill pourrait freiner la propagation du coronavirus dans les murs des centres de soins de longue durée pour les aînés.

L’invention de la professeure Samira A. Rahimi a été retenue parmi les 11 projets gagnants du concours Défi Innover pour contrer la COVID-19 de Roche Canada. Elle sera mise à l’essai dès le mois prochain auprès d’une soixantaine de patients au Québec et en Ontario, pour une période de trois à six mois.

Dans les deux provinces, entre 70 et 80 % des décès attribuables au coronavirus sont survenus dans des centres de soins pour aînés, a rappelé Mme Rahimi.

« On voulait trouver un moyen pour identifier très rapidement les gens qui ont la COVID-19 dans ces établissements, a-t-elle expliqué. Avec l’intelligence artificielle, on peut surveiller les signes vitaux en temps réel. »

Le programme AiCoV19: AI-empowered Real-time COVID-19 Symptom Monitoring and Prediction among Senior Residents de Mme Rahimi exploite l’intelligence artificielle et ce qu’on appelle l’ « internet des objets médicaux ». Des technologies portables, comme des bracelets et d’autres capteurs, et des réseaux informatiques sont reliés par le biais d’internet pour générer une interaction en temps réel entre les bénéficiaires et le personnel soignant.

Le projet permet donc de suivre, de surveiller et de prédire les symptômes et les changements asymptomatiques chez les personnes âgées. L’appareil avertit le personnel soignant lorsque des symptômes de la COVID-19 sont détectés et/ou prédits, et reste à l’affût de tout signe de décompensation.

Par exemple, si les données témoignent d’un changement ou d’une détérioration des signes vitaux, comme une fièvre ou un essoufflement, le système intelligent informera les responsables.

« Les données récoltées sont automatiquement transmises sur la plateforme. Tout se fait en temps réel, a dit Mme Rahimi. Dans la plateforme, on analyse les données (…) avec l’intelligence artificielle et on peut envoyer une alarme au personnel soignant pour lui dire que quelque chose ne va pas bien. »

L’utilité du dispositif ne se limite toutefois pas à la lutte contre le coronavirus, puisque Mme Rahimi croit que la technologie pourrait être exploitée pour favoriser le maintien des aînés à domicile.

« On pourrait aussi utiliser ça pour surveiller la santé des gens chez eux, a-t-elle assuré. Ce serait très utile en télémédecine. (…) Avec l’intelligence artificielle, on peut prédire si quelque chose risque de mal tourner, par exemple le lendemain ou la semaine suivante. »

SOURCE : Jean-Benoit Legault, La Presse canadienne