La pandémie de COVID-19 qui a entraîné la fermeture des écoles peut également amener les enfants confinés chez eux à se demander pourquoi leur monde vient de changer du jour au lendemain.

Une spécialiste en psychologie de l’enfant conseille aux parents de faire de leur mieux pour répondre aux interrogations des jeunes, mais il faut aussi choisir les informations à partager avec les tout-petits.

« Ils doivent savoir surtout qu’il faut être extrêmement prudent lorsqu’on touche des objets, qu’ils doivent se laver les mains et utiliser un désinfectant approprié, qu’ils ne devraient pas être trop proches de gens qui ne font pas partie de leur famille immédiate », estime la psychothérapeute Alice Wiafe, en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne. « Mais ils n’ont pas besoin de savoir par exemple qu’un millier de personnes de plus sont mortes en fin de semaine. Au fond, les enfants ont besoin de savoir les choses qui ont un impact sur eux et leur famille, dans leur quotidien. »

Mme Wiafe, qui détient une maîtrise en psychologie de l’Université Adler à Chicago, est aussi mère de trois enfants de moins de 10 ans : elle sait très bien à quel point cette soudaine « distanciation sociale » peut être difficile pour des enfants qui sont habitués à être entourés tous les jours de nombreux camarades de classe.

Et pour des parents qui travaillent eux-mêmes de la maison, il devient très difficile de divertir les enfants tout en pianotant sur l’ordinateur.

Sortez les jeux de table!
Mais il existe de nombreuses façons de garantir aux enfants l’interaction et le temps de jeu dont ils ont besoin, à la maison mais aussi à l’extérieur, dans un espace public mais sans contacts de proximité, rappelle la psychologue. On peut aussi ressortir des placards les « jeux de chalet pour temps de pluie ». L’écriture, l’art plastique, le bricolage, même une balade en voiture pour sortir un peu de la maison, tout cela est faisable, dit-elle.

La psychologue reconnaît que les parents peuvent avoir peur de la propagation du coronavirus, mais elle rappelle l’importance de bien maîtriser la façon de manifester cette anxiété, sans projeter ses propres peurs sur les enfants. « Il ne faut pas par exemple vérifier les informations toutes les trois minutes pour annoncer : « chérie, encore trois morts ». Et si vous avez un enfant très sensible, il faut faire encore plus attention. »

Par ailleurs, comme les enfants ont tendance à modeler leurs comportements sur ceux de leurs parents, l’adoption de saines habitudes pendant une crise peut faire des petits par la suite. « Si vous faites une réserve de 50 paquets de papier de toilette, les enfants vont demander « maman, pourquoi tu fais ça? ». »

Mme Wiafe rappelle aussi que la réaction d’une personne ou d’une famille à l’éloignement social ne doit pas se concentrer de façon obsessive sur le côté négatif de cette mesure de santé publique – sur ce qu’on ne peut plus faire dorénavant. « Nous avons au contraire une opportunité : à quand remonte la dernière fois que toute votre famille a passé du temps ensemble à la maison? Ça fait combien de temps que votre adolescent n’est pas venu vous demander: « Hé maman, quoi de neuf? » – même si c’est parce qu’il s’ennuie et n’a rien d’autre à faire…

« Le bon côté de tout ça, c’est que ça donne aux familles l’occasion de se retrouver, d’être ensemble et de s’amuser. Nous pouvons profiter de cette période pour nous rapprocher et apprécier les gens et être reconnaissants pour les choses que nous tenons pour acquises chaque jour. »

SOURCE : Melissa Couto, La Presse canadienne