Le 5 août dernier, la Niagara Falls Underground Railroad Heritage Commission – un organisme américain – et le Bureau de l’État de New York pour les Parcs, les Loisirs et la Préservation du patrimoine, ont procédé au dévoilement d’une plaque commémorative sur le site de ce qui était autrefois la Cataract House.

Un peu d’histoire s’impose pour comprendre de quoi il s’agit. En 1793, le gouvernement du Haut-Canada (l’Ontario d’aujourd’hui) décrète que tout esclave en fuite qui atteint le territoire sous sa juridiction devient immédiatement libre. De ce moment jusqu’à l’abolition de l’esclavage aux États-Unis en 1865, des dizaines de milliers de Noirs entreprennent de traverser secrètement la frontière pour trouver refuge, souvent après un long périple, dans les colonies britanniques d’Amérique du Nord, y entrant souvent par la région du Niagara.

Pour les épauler dans leur quête de liberté, un réseau de sympathisants les guident, leur offrent le couvert et le logis, les cachent si nécessaire et les assistent de mille et une manières. Il s’agit du célèbre « chemin de fer clandestin », nom de code de ce groupe informel d’abolitionistes qui, disséminés du sud au nord, supervisent l’aide apportée sur les différents itinéraires.

Dans la ville américaine de Niagara Falls, la Cataract House constituait l’un des derniers points de rencontre – et sans doute le plus important – entre les esclaves en fuite et ceux qui allaient les aider à traverser la frontière. Cataract House était un hôtel dont tous les serveurs étaient des Noirs et dont plusieurs se sont illustrés en prêtant main-forte, parfois en des circonstances périlleuses, à ceux qui souhaitaient traverser la rivière pour gagner le Haut-Canada.

L’édifice fut détruit par un incendie en 1945 et tomba ensuite dans l’oubli.

C’est pour tirer cette page d’histoire des limbes que plusieurs représentants des milieux politique et communautaire se sont rassemblés à l’occasion du dévoilement de cette plaque. Les histoires respectives du Canada et des États-Unis se croisent de plusieurs manières et ce rappel d’un pan tumultueux du passé de l’Amérique est là pour le démontrer.

PHOTO (Crédit : Wikipedia, photo libre de droit) – L’hôtel Cataract House en 1859