Dans le cadre de la Semaine nationale de l’immigration francophone, l’église The Redeemed Christian Church of God a organisé, le 4 novembre dernier à Welland, une soirée de réflexion et d’échange sur « l’intégration des immigrants dans la communauté au travers de l’église ». La facilitation des échanges était assurée par Noëlie Gansoré, détentrice d’un doctorat en sociologie et immigrante elle-même venue du Burkina-Faso en Afrique de l’Ouest.
Avant de passer au débat, les participants ont regardé le film de Thomas Carter intitulé Les mains en or (États-Unis, 2009). Basé sur une histoire vraie, il raconte la vie du neurochirurgien américain de renommée internationale Benjamin Solomon Carson, dit Ben Carson. Les organisateurs de la soirée d’échanges ont estimé que ce long métrage témoigne d’une intégration réussie d’une modeste famille afro-américaine dont les enfants ont été élevés par une mère monoparentale.
Le courage, la ténacité, la persévérance et l’esprit d’initiative de cette femme non instruite vont pousser ses enfants vers la confiance en soi et surtout la réussite au point où Ben Carson est devenu l’un des neurochirurgiens les plus brillants et dont la réputation a dépassé les frontières des États-Unis. Àgé de 64 ans, Ben Carson a pris sa retraite de la médecine. Il demeure cependant actif en politique et est candidat républicain pour les élections présidentielles de 2016.
Pour Noëlie Gansoré, la facilitatrice de la soirée, une intégration réussie repose, justement, sur « le courage, la persévérance et l’esprit d’initiative ». Pour cette immigrante qui ne cache pas sa foi chrétienne, l’Église, en tant que communauté des gens partageant les mêmes croyances spirituelles, a un rôle fondamental à jouer parce qu’elle est une seconde famille qui permet aux immigrants de briser leur isolement, et de ne pas sombrer dans la déprime et la solitude.
Naomie César, infirmière d’origine haïtienne, vit à Welland depuis son arrivée au Canada en 2008.
En parlant de son propre cas, elle considère que l’Église est une grande famille et que « l’appartenance à une communauté chrétienne l’a beaucoup aidée dans son processus d’intégration sur le plan aussi bien émotionnel que spirituel ».
Par le biais de l’église, Naomie César voit surtout l’importance du réseautage car, dit-elle, « l’église est un lieu de contact par excellence ».
Les démocraties modernes continuent à réaffirmer la nécessité de séparer l’État de l’Église. Comment concilier la laïcité de l’État et le rôle des Églises dans l’encadrement ou l’intégration des populations? Pour Noëlie Gansoré, qui a défendu sa thèse de sociologie à l’Université du Québec, « le Canada est une des sociétés les plus ouvertes » où chacun a le droit de manifester ses croyances spirituelles à condition que celles-ci ne violent pas la loi et ne constituent pas un danger pour la société. Conclusion : les communautés religieuses devraient être des partenaires des pouvoirs publics dans l’encadrement de non seulement des immigrants mais aussi des citoyens qui en sont membres.
Photo: Noëlie Gansoré