Le Canada n’est pas prêt à tirer les mêmes conclusions que son voisin américain à propos de l’origine du nouveau coronavirus qui a provoqué la pandémie planétaire de la COVID-19.

Dimanche matin, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a déclaré sur les ondes du réseau américain ABC, qu’il y avait un « nombre significatif de preuves » que le virus provient d’un laboratoire de la ville chinoise de Wuhan.

Invité à commenter cette sortie, le premier ministre Justin Trudeau a, d’abord évité la question. Toutefois, si M. Pompeo a cité des «preuves», M. Trudeau a plutôt parlé de « théories ».

« Il y a plusieurs théories, (…) plusieurs hypothèses (sur) comment ça aurait pu se passer. Mais pendant que ça se passe, ma priorité c’est comment on gère la situation. Après, ce sera le temps de poser plus de questions et de vraiment aller au bout de comment ça s’est passé », a-t-il dit.

Devant l’insistance des journalistes, M. Trudeau a fini par reconnaître que son gouvernement ne partage pas les convictions de l’administration de Donald Trump. « À ce moment-ci, nous ne tirons aucune conclusion définitive », a-t-il dit.

Doutes sur un test
Santé Canada doute de l’efficacité du test de la compagnie Spartan Bioscience. Il ne pourra donc pas encore servir aux diagnostics de la COVID-19.

« On a su, dès le début, qu’il fallait qu’on agisse rapidement dans cette crise, dans cette urgence (…) Quand on fait ça rapidement, on apprend aussi, rapidement, différents (…) défis associés à certains (…) équipements. Et donc, on continue d’y réagir », a offert M. Trudeau.

L’administratrice en chef de l’Agence de la santé publique du Canada, Theresa Tam, assure que cette embûche n’aura pas d’impact sur la capacité des provinces d’administrer un plus grand nombre de tests alors qu’elles se préparent à relancer les activités commerciales et scolaires.

On a compté plus de 31 000 tests administrés dans la journée de samedi, au Canada. La Dre Tam voudrait voir ce chiffre doubler et atteindre au moins 60 000 tests quotidiens afin d’avoir une image plus exacte de l’étendue de l’épidémie au pays.

Veille de déconfinement
Lundi, plusieurs provinces entament leurs processus de déconfinement.

En Saskatchewan, au Manitoba et en Alberta, on permet aux dentistes et aux physiothérapeutes de reprendre leurs pratiques.

Le Manitoba va plus loin encore en ouvrant ses musées, commerces et restaurants, avec certaines restrictions. L’Ontario y va plus doucement, en permettant la reprise des activités dans certains commerces, comme les centres de jardinage.

Mais c’est la reprise des activités au Québec qui attire le plus l’attention. Dimanche, le gouvernement québécois annonçait presque 900 nouveaux cas de la COVID-19.

Pas question pour Ottawa de se mêler de la décision du gouvernement de François Legault, a répété le premier ministre Trudeau, dimanche. Selon lui, les gouvernements provinciaux sont les mieux placés pour évaluer leurs situations.

« Si jamais une province commence à rouvrir et voit que, malheureusement, il y a une remontée ou une explosion de cas, ce serait à la province de réagir », a noté le premier ministre.

Dre Tam, lors du point de presse qui a suivi celui du premier ministre, lui a donné raison.

« Je suis absolument certaine que le Dr (Horacio) Arruda et le système de santé publique du Québec vont surveiller », a-t-elle dit. « Les détails (du déconfinement) relèvent de la province », a-t-elle rappelé.

Financement de soins en ligne
Le gouvernement fédéral a annoncé l’octroi de 240 millions $ pour financer des soins de santé en ligne.

M. Trudeau en a fait l’annonce dimanche avant-midi.

« Ces fonds serviront notamment à créer une plateforme en ligne qui offrira une multitude de services en santé mentale », a-t-il indiqué à son point de presse.

« C’est de l’argent qui va aussi nous permettre d’offrir une plus grande gamme de soins virtuels pour ces moments où ce n’est pas nécessaire de voir un médecin en personne », a-t-il ajouté.

Une partie de ces millions ira aux provinces et territoires, la santé étant de leur compétence.

Ottawa crée également un nouvel organisme pour gérer les achats nécessaires pour lutter contre la pandémie de la COVID-19.

Un « Conseil pour l’approvisionnement » sera chargé de trouver « des solutions innovatrices » pour qu’on ne manque plus de masques ou de désinfectant pour les mains.

Rapatriements
Ce week-end, des Canadiens retournaient au pays en provenance de l’Inde.

On dénombre plus de 341 000 citoyens canadiens à l’étranger inscrits auprès du ministère des Affaires mondiales. Le nombre réel de Canadiens hors du pays est beaucoup plus élevé.

Ottawa a distribué 7,9 millions $ en prêts à 2419 de ces expatriés involontaires. Le gouvernement fédéral étudie encore quelque 1900 autres demandes de prêts.

Nombre de cas
Il y a eu plus de 893 000 tests administrés au Canada jusqu’à maintenant. Environ 6,5 % d’entre eux ont détecté la maladie.

Les tests ont permis de déceler 59 474 cas confirmés ou probables dans l’ensemble du pays. La COVID-19 a provoqué la mort de 3682 Canadiens.

Distribution des cas au pays, selon les plus récents bilans provinciaux et territoriaux: 31 865 cas au Québec, dont 2205 décès; 17 553 cas en Ontario, dont 1216 décès; 5766 cas en Alberta, dont 95 décès; 2171 cas en Colombie-Britannique, dont 114 décès; 971 cas en Nouvelle-Écosse, dont 37 décès; 433 cas en Saskatchewan, dont six décès; 281 cas au Manitoba, dont six décès; 259 cas à Terre-Neuve-et-Labrador, dont trois décès; 118 cas au Nouveau-Brunswick, tous guéris; 27 cas à l’Île-du-Prince-Édouard, dont 24 guéris; 11 cas au Yukon, tous guéris; cinq cas dans les Territoires-du-Nord-Ouest, tous guéris; un seul cas au Nunavut.

À ces bilans provinciaux et territoriaux s’ajoutent les 13 cas, tous guéris, chez les passagers rapatriés du navire de croisière Grand Princess le 10 mars.

SOURCE : Lina Dib, La Presse canadienne