Au moment d’aller sous presse, Le Régional a appris que la Caisse populaire Welland avait reçu une offre d’achat pour son édifice de la rue Empire à Welland. Les dirigeants de la Caisse sont demeurés muets quand au nom du ou des intéressés, au montant de l’offre et ce qu’il adviendra de l’ancien siège social de l’institution financière.

Par contre, la directrice générale de la Caisse, Sylvie Cloutier, et sa présidente, Lucie Huot, ont rencontré des sociétaires en trois petits groupes le samedi 15 mars au Club Social pour leur faire part de l’offre d’achat et, qu’advenant la concrétisation de la vente, la Caisse doit libérer les locaux de la rue Empire au plus tard le 1er juillet 2014. De plus, les dirigeantes ont demandé aux sociétaires des suggestions pour faciliter la transition vers le site de la Caisse, rue Niagara, dans le nord de la ville. 

Daniel Roy était l’un des sociétaires présents à l’un des groupes de discussion du 15 mars. « Nous étions une quinzaine de personnes seulement, ajoute cet ancien membre du conseil d’administration de 2009 à 2011. J’ai été déçu de l’annonce mais pas surpris de la décision d’éliminer le point de service dans l’est de la ville. Le côté Est est beaucoup francophone. Il y a beaucoup d’aînés. Les gens tiennent à leur Caisse. Ils ne pourront pas tous se déplacer pour se rendre sur la rue Niagara. »

Depuis 1946, la Caisse populaire Welland a pignon sur rue au cœur du quartier francophone dans l’est de la ville, à proximité de l’église du Sacré-Cœur et autres entités chères à la communauté telles que le Club Social, le Centre de santé, le Foyer Richelieu, la Coop Beauparlant, etc. Pour rénover l’édifice de la rue Empire, M. Roy estime que le coût des rénovations serait d’environ 300 000 $. Sylvie Cloutier, a offert en entrevue une estimation semblable, chiffrant le coût des rénovations potentielles à au moins 360 000 $.

« La Caisse a créé elle-même le problème lorsqu’elle a pris la décision de déménager dans le nord de la ville, une section plus commerciale que communautaire, poursuit Daniel Roy. Pourtant, sept ans depuis ce déménagement, la Caisse maintient qu’il y a toujours plus de transactions effectuées sur le site de la rue Empire.

« À l’époque du déménagement, en 2007, les sociétaires ont fait part de leur crainte de perdre ce point de service. À cette époque, la Caisse s’est faite rassurante et clamait haut et fort qu’il n’était pas question de se départir du site de la rue Empire. La Caisse avait aussi dû effectuer des rénovations considérables afin d’aménager le site rue Niagara et, par le fait même, a négligé l’entretien de la bâtisse de la rue Empire. » 

Aujourd’hui, l’ancien administrateur fait référence au point de service dans l’est de Welland comme un « squelette ». « Tout est déménagé sur la rue Niagara, y compris la tenue des réunions du conseil d’administration, dit-il. Les bureaux sont vides sur la rue Empire. Pourtant, dans les années 1990, la Caisse avait investi un million de dollars pour agrandir cet édifice-là. »

Pourquoi avoir ouvert un point de service sur la rue Niagara si, comme le laisse entendre la direction, le nombre de membres n’est pas assez élevé pour justifier deux caisses à Welland? « Je pense que la décision avait été prise par le conseil d’administration avec les analyses qui ont été faites à l’époque. Depuis ce temps, l’économie a changé, les habitudes de nos membres ont changé », explique Mme Cloutier, avant d’évoquer l’augmentation des transactions sur Internet au détriment de celles au comptoir et au guichet.

Ce qui trouble M. Roy, c’est le fait qu’à l’heure actuelle, la Caisse prévoit garder un seul point de service à Welland, celui sur Niagara. « L’accès à ce site est difficile et dangereux. Je comprends que la Caisse veut avoir une présence du côté nord mais cela se fait au détriment des francophones de l’est de la ville. Le siège social aurait du rester sur Empire. » 

Sylvie Cloutier explique que ce dénouement était la meilleure solution envisagée par les administrateurs : « L’analyse a été faite, des scénarios ont été revus. Les membres du conseil se  sont basés sur le scénario le plus rentable pour la Caisse. » Selon la directrice générale, le conseil d’administration se devait d’agir : « Le statu quo n’était pas une option ».

Mme Cloutier voit de nombreux avantages dans le déménagement de tous les services au bureau de la rue Niagara : « Ça regroupe l’ensemble de nos employés à Welland, donc il y a une synergie qui est plus importante de cette façon. » Elle évoque également la proximité des commerces ainsi que les nécessités liées à l’augmentation de la productivité afin de demeurer concurrentiel.

Les sociétaires francophones du secteur Est n’ont cependant pas dit leur dernier mot. Dimanche dernier, le 23 mars, une pétition circulait après la messe voulant que la Caisse maintienne un point de service dans ce secteur. Monique Pavoyan et son équipe ont d’ailleurs l’intention de se rendre dans différentes activités rassembleuses de la ville pour faire signer la pétition qui sera ensuite acheminée à la Fédération des caisses Desjardins.

Chose certaine, les résidents de l’est de Welland se sentent abandonnés face à l’intention de leur institution financière présente dans leur quartier et qu’ils appuient depuis 70 ans. S’ils ne peuvent plus compter sur l’édifice de la rue Empire, ils vont se débattre pour y maintenir un point de service. Mme Cloutier n’a pas voulu s’engager sur ce que ferait la Caisse au cas où les sociétaires protesteraient avec insistance contre ce changement drastique. « On verra », dit-elle.

Pour M. Roy, le compromis le plus acceptable serait de prolonger la période de transition de cinq ou six mois et de garder un point de service dans l’est de la ville. 

Photo : Caisse Desjardins de Welland, rue Niagara