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Depuis 1980, la réserve autochtone des Six Nations de la rivière Grand, près de Brantford, organise chaque été un pow-wow rassemblant des Amérindiens du Canada et des États-Unis de même que de nombreux touristes. L’édition 2016 n’a pas fait exception et, du 22 au 24 juillet, le terrain de camping et de villégiature Chiefswood Park, dans le village d’Ohsweken, s’est rempli de visiteurs et de participants à cet évènement consacré à la culture des Premières Nations.

Mais qu’est-ce qu’un pow-wow? Le terme, qui signifie « rencontre », est issu d’une langue algonquine, aujourd’hui éteinte, et qui était parlée dans le nord-est des États-Unis. La tradition des pow-wow s’est peu à peu formée au XIXe siècle alors que les Autochtones des deux côtés de la frontière étaient progressivement astreints à vivre sur des réserves. Comme de nombreuses nations sans lien entre elles, voire ennemies, étaient forcées de vivre ensemble sur de petits territoires, et puisque plusieurs de leurs coutumes et cérémonies étaient interdites par les autorités publiques, les Autochtones ont dû adapter leur mode de vie pour pouvoir survivre dans ce contexte qui leur était imposé.
La nature sociale et artistique des pow-wow leur permit d’échapper aux interdits gouvernementaux et les Premières Nations en firent des occasions de transmission culturelle d’une génération à l’autre et d’un peuple à l’autre. Les participants d’hier à aujourd’hui en ont toujours profité pour visiter parents et amis et célébrer leur héritage ancestral. Les chansons, les danses, la nourriture et l’artisanat traditionnel étaient et demeurent au cœur de ces rassemblements qui ont, depuis plusieurs années, gagné en popularité, même chez les non-Autochtones.
Ils étaient en effet des centaines à s’être déplacées pour ce pow-wow tenu à quelques pas du cours tranquille de la rivière Grand. Sous un soleil brûlant, le clou de l’évènement résidait dans ces démonstrations de danses et de chants qui, pendant plusieurs heures, en ont mis plein la vue aux spectateurs. Cependant, il ne faut pas y voir qu’un simple spectacle : les participants mettent beaucoup de sérieux à faire de ces rencontres des occasions d’enrichissement culturel marquées au sceau du respect. C’est ainsi que les premiers à faire leur entrée dans l’amphithéâtre aménagé sur les lieux ont été des Autochtones membres des forces armées et des vétérans. Ils ont défilé sous l’œil des spectateurs, suivis par les innombrables danseurs en costumes traditionnels, hommes et femmes de tous âges.
Puis, au son des chants rythmés au tambour, diverses danses ont pris place au milieu du terrain ceinturé de gradins. Une pratique commune à de nombreux pow-wow consiste en l’attribution de prix en argent pour les meilleurs danseurs, d’où le numéro de participation porté par chacun d’eux. Outre la danse, il va sans dire que les tenues, toutes plus extraordinaires les unes que les autres, constituaient également un attrait majeur pour les spectateurs.
Nés en réaction à la destruction systématique des traditions autochtones, les pow-wow sont à leur tour devenus une véritable tradition. Ce bel exemple de résilience peut également se targuer d’avoir su faire le pont entre les cultures car aujourd’hui, tous peuvent apprécier les arts et coutumes caractérisant les Premières Nations.