Y a-t-il de la place dans le Niagara pour une fête populaire rassemblant tous les francophones? C’est la grande question à laquelle la communauté aimerait bien répondre.

Depuis l’abandon de la Saint-Jean-Baptiste en 2015, faute de bénévoles et de participants, après une quarantaine d’années d’existence au sein de l’Auberge Richelieu de Welland, le Niagara est orphelin d’un événement symbolique et identitaire dans lequel tout le monde se reconnaîtrait.

Alors que certains aimeraient voir la traditionnelle fête des Canadiens français du 24 juin renaître de ses cendres, d’autres souhaiteraient plutôt opter pour une manifestation englobant la francophonie dans toute sa diversité, évoquant la date du 25 septembre. Le jour officiel des Franco-Ontariens lors duquel on hisse le drapeau vert et blanc, n’est véritablement célébré que par les écoles dans la Péninsule et pourrait donc s’enrichir d’une participation communautaire élargie.

Une chose est sûre : tout le monde est d’accord pour relancer un événement festif faisant la démonstration de la fierté francophone à l’échelle régionale. Reste à réunir une solide équipe capable de dynamiser la communauté, de trouver un lieu et une date qui fassent consensus et les ressources nécessaires pour donner à une telle manifestation populaire l’ampleur régionale qu’elle mérite, au-delà des frontières de Welland.

« Cela fait plus de 40 ans qu’on célèbre la Saint-Jean-Baptiste, lâche Pierre Girouard, un des tenants du projet. On ne va pas tout laisser tomber comme ça. Ce n’est pas possible. » Selon cet enseignant et membre du Club Richelieu que la communauté connaît notamment pour son implication dans le Carnaval d’hiver de Welland, il n’est pas question de rester les bras croisés.

À moins de deux mois du 24 juin, organiser un tel événement semble difficile. Il suggère donc une année de transition qui consisterait à être présent lors du Welland Rose Festival – qui célèbre chaque année en juin l’histoire, le patrimoine et les communautés de la ville depuis 1961 –, au sein d’un kiosque lors des Days In The Park et sur un char francophone inclus dans la Grande Parade. « Ce serait un message fort qu’on adresserait à tous les francophones qui assistent au défilé annuel de la ville : la francophonie est toujours là, rejoignez-nous pour préparer une grande fête l’année prochaine. »

M. Girouard convient toutefois que la fête des Canadiens-Français n’englobe pas l’ensemble de la francophonie du Niagara qui s’est largement enrichie d’une immigration diversifiée, qu’elle soit africaine ou européenne, et non plus seulement québécoise comme par le passé. « Peut-être que le 25 septembre serait plus inclusif, songe-t-il. Il faut en discuter et s’entendre sur une date fédératrice. D’autant que le 24 juin a souvent souffert de la concurrence du Welland Rose Festival, même lorsqu’on l’a programmée avant le défilé, en matinée, lors de la dernière édition en 2015. »

Le choix du 25 septembre éviterait aussi de voir les francophones s’éparpiller et les bénévoles s’essouffler sur plusieurs projets souffrant de visibilité : les Canadiens-Français le 24 juin, les Acadiens le 15 août, les écoles le 25 septembre, etc.

Si elle prend forme, la future équipe encadrant cet événement aura aussi la lourde tâche de mobiliser des partenaires solides pour être en mesure d’offrir un programme consistant qui réponde aux attentes d’aujourd’hui.

« Il est certain que les envies de la communauté ne sont plus les mêmes qu’avant. Il y a 20 ans en arrière, quand on faisait venir un chansonnier du Québec, on remplissait l’Auberge Richelieu de Welland. La fête débutait le vendredi et se terminait le dimanche. Aujourd’hui, on s’adresse à des familles majoritairement exogames. Il faut trouver de nouvelles idées pour les attirer, insiste-t-il, invitant chacun à faire connaître ses idées, sa disponibilité et ses motivations pour porter le projet.

Dans une Péninsule où la jeunesse regorge de talents artistiques et d’organismes déterminés à faire avancer des projets communs, il semble inconcevable qu’une telle célébration d’envergure ne voit pas le jour. Une question de temps, de soutien financier et d’adhésion populaire.

 

Photo : Pierre Girouard, membre du Club Richelieu, est un des tenants du projet.