Les interdits sanitaires avaient bousculé son calendrier de concerts mais voilà que le Kitchener-Waterloo Symphony (KWS) revient combler son public avec une série de spectacles printaniers. C’est par le biais d’internet que les mélomanes peuvent assister à ces représentations, une expérience que l’orchestre a tenté avec succès au cours des derniers mois et qui constitue encore, dans les circonstances actuelles, un des meilleurs moyens de garder contact avec la musique dite classique dans toute son actualité.
En effet, comme le rappelle Mathieu Roy, agent de communication francophone pour le KWS : « Les orchestres, ce n’est pas nécessairement juste du « vieux » : il y a aussi du nouveau! » Cette flexibilité permet d’ailleurs d’introduire à l’univers lyrique ceux qui n’y voient qu’un éternel rabâchage des oeuvres de Bach, Mozart et Beethoven. Outre le fait qu’il y ait, encore de nos jours, des compositeurs qui s’inscrivent dans cette tradition et dont les créations n’en sont pas moins modernes, les orchestres symphoniques font aussi appel, de temps à autre, à des artistes aux styles les plus divers dans le cadre de collaborations originales.
La programmation printanière du KWS représente d’ailleurs un bel exemple de ce mélange des genres.
C’est au vendredi 26 mars, en soirée, que le comité de production a fixé la date et le moment du premier spectacle. Le concert, sous la direction d’Andrei Feher, a été conçu pour mettre en vedette des oeuvres musicales qui s’inspirent de poèmes ou de la littérature en générale.
« C’est toujours un plaisir de jouer un solo avec mon orchestre et, cette fois-ci, c’était la première fois avec mon ami et chef d’orchestre Andrei, en plus dans la magnifique pièce The Lark Ascending de Vaughan Williams que j’adore! Un vrai cadeau! », a commenté Bénédicte Lauzière, première violoniste du KWS.
Changement complet d’ambiance le 9 avril avec le duo Whitehorse, composé de Luke Doucet et Melissa McClelland. Cette formation emprunte au folk, au blues, au rock et à tout ce qui peut nourrir son style inimitable qui lui a valu un prix Juno. Le public aura donc droit à une expérience musicale hors des sentiers battus par cette fusion des harmonies du KWS avec les rythmes de Whitehorse.
Cette parenthèse pop donnera le ton au concert suivant : le 23 avril, les internautes se feront offrir une introduction au répertoire de l’artiste autochtone iskwē. Le KWS rehaussera les mélodies de cette chanteuse primée au son alternatif et influencé par la culture ancestrale et les réalités contemporaines des Premières Nations.
Pour le 30 avril, les musiciens du KWS ont concocté une représentation qui se distingue par l’absence quasi-total d’instruments à corde. Les vents, les cuivres et les percussions seront utilisés dans toutes leurs nuances pour donner du relief à des compositions aux textures sonores puissantes et bigarrées.
Puis, à l’affiche du rendez-vous musical du 14 mai, le dernier de cette série, se trouve la musique populaire américaine de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Le public pourra s’immerger dans les rythmes trépidants et jazzés qui allaient alors de pair avec cette société en plein essor.
Les spectacles ont été enregistrés à l’avance de sorte que, même si un confinement aussi soudain que drastique interdirait aux musiciens de se rassembler, leur diffusion ne s’en trouverait pas affectée. Mettre les représentations en ligne à une date précise était également destiné à créer un « événement » qui se rapproche tant soit peu d’un véritable concert, c’est-à-dire un divertissement collectif, quitte à ce qu’il soit vécu dans autant de foyers qu’il n’y a de membres du public. Les concerts – pour lesquels il faut se procurer des billets par l’entremise du site web du KWS – sont mis en ligne le vendredi et demeurent accessibles pendant la fin de semaine qui suit.
Le KWS a, depuis l’an dernier, entrepris de franciser ses relations avec le public et même une partie de sa programmation. Mathieu Roy, natif de l’Est ontarien, et Bénédicte Lauzière, originaire de Montréal, ne sont d’ailleurs pas les seuls francophones à faire partie de l’équipe puisque le chef et directeur musical, Andrei Feher, connaît très bien le français pour avoir passé sa jeunesse dans la métropole québécoise.
PHOTO (crédit: Kitchener-Waterloo Symphony) – L’orchestre doit se plier aux impératifs sanitaires : distanciation et masques pour ceux qui, en fonction de leur instrument, peuvent se permettre d’en porter un.