« La vie c’est comme le hockey, c’est un jeu qu’il faut vivre avec passion », ont scandé André Roy et Gilles Denis à l’adresse d’un public convaincu et hilare, que ce soit dans la salle paroissiale Saint-Antoine-de-Padoue de Niagara Falls le 2 novembre ou au Centre communautaire de Cambridge le 5 novembre.

Se disputant le chandail de Maurice Richard, l’idole d’une génération, « le meilleur de tous », les comédiens ont retracé avec humour et nostalgie les moments cultes de l’épopée des Canadiens de Montréal, dans la pièce de théâtre La Sainte Flanelle.

Surexcités, à l’étroit dans leur chandail, patins aux pieds et la rondelle au bout du bâton, les truculents Albertains ont affronté l’arthrose dans un match indécis jusque dans les vestiaires. Ils ont surtout fait revivre cette époque folle des années 1960 où la fierté francophone culminait sous les couleurs bleu, blanc et rouge du club de hockey aux 24 coupes Stanley.

Le duo a remué beaucoup de souvenirs, imitant des scènes d’anthologie comme les exploits de Lafleur ou Béliveau en Ligue nationale ou encore la victoire de l’équipe du Canada contre les Russes en 1972.

« Le hockey, c’est la passion d’une vie qu’on a voulu raconter, confie André Roy, auteur de La Sainte Flanelle, enseignant et chroniqueur sportif à la retraite. Cette passion dévorante qui brûle au fond de nous pour toujours, même quand on devient trop vieux, trop lent et que la camaraderie au vestiaire remplace la fougue sur la glace. »

C’est encore un André Roy volubile donnant la réplique à un Gilles Denis au comique de visage désarçonnant que l’assistance retrouvait dans une deuxième pièce : Prends mes yeux, tu vas voir, de France Levasseur-Ouimet.

Perdus dans un monde où tout le monde est beau, jeune et fort, les deux complices se sont métamorphosés en vieux radoteurs assis sur un banc. Refaisant le monde et surtout l’inventaire de leur maladie (pour savoir ce qui fonctionne encore!), les grands-pères ont déballé leurs états d’âme, leurs peurs, leurs analyses médicales mais aussi leurs rêves. Entre mémoire qui flanche et articulations chancelantes, les personnages se sont révélés drôles et sensibles. Abordant la maladie, la vieillesse, la famille, la solitude, sans jamais sombrer dans le pathos, ils ont parlé de manière juste et positive de tous ces petits maux et ces grandes vérités qui touchent les aînés.

En tournée en Alberta, au Manitoba et au Saskatchewan depuis huit ans, principalement avec des pièces écrites pour les aînés francophones, le tandem a bifurqué en Ontario après une représentation donnée au printemps dernier au Sommet des Aînés à Ottawa. « Nous avons joué devant 550 personnes, se souvient Gilles Denis, ancien enseignant en théâtre et en arts dramatiques. Après ça, chacun voulait qu’on vienne dans sa communauté pour la rejouer. On a dû prendre un imprésario pour organiser une tournée et répondre à ce grand besoin qu’éprouve les gens de rire et se divertir dans leur langue. »

 

Photo : Gilles Denis et André Roy ont répondu à l’invitation du Club Sourire de Niagara Falls et du Centre communautaire francophone de Cambridge.