En vieillissant, la majorité des gens prennent conscience des limites que leur impose leur corps et tendent à agir en conséquence. Combien cependant s’arrêtent à considérer l’importance de leur santé psychologique? Les problèmes de stress en particulier ne sont pas immédiatement associés aux retraités que l’on s’imagine coulant des jours heureux dépouillés des responsabilités parentales et professionnelles. Il s’agit pourtant d’une réalité qui peut frapper les aînés autant que les autres générations et c’est pour discuter de cette problématique que la psychologue Claude-Michèle Renaud a donné une conférence au Centre communautaire francophone de Cambridge.

À l’invitation de l’Association des francophones de Kitchener-Waterloo, une vingtaine de retraités ont assisté à ce café-rencontre gratuit offert par l’Association canadienne pour la santé mentale – section Waterloo-Wellington-Dufferin, représentée pour l’occasion par Christine Gilles. Explications, mises en situation et exercices étaient au menu de la présentation.

Quelle est la différence entre la peur et l’anxiété? Dans le premier cas, il s’agit d’une réaction la plupart du temps normale face à une menace réelle et immédiate. Dans le deuxième cas, c’est l’anticipation d’une menace possible, en d’autres mots, un scénario que se crée celui qui éprouve de l’anxiété quant à un évènement futur. 

Le stress est donc largement une affaire de perception à laquelle sont associés divers symptômes. Certains sont d’ordre physique : agitation, étourdissement, maux de tête, palpitations, tension musculaire, dépendance à l’alcool, etc. Les autres sont psychologiques : émotions à fleur de peau, tristesse, sentiment de culpabilité, d’insécurité, d’impuissance, etc. Quelques symptômes relèvent aussi du cognitif : difficulté à se concentrer, enchaînement de pensées incontrôlables et autres. Signe d’une situation stressante qui n’a pas été correctement gérée pendant le jour, se réveiller la nuit pour réfléchir à ce qui s’est passé quelques heures plus tôt est également un indice tangible d’une anxiété qui nécessite d’être prise en charge. Mme Renaud accompagnait ses explications d’exemples pour illustrer ce que cela peut représenter au quotidien. 

Les personnes âgées vivent le stress d’une manière sensiblement différente des plus jeunes. En vieillissant, les émotions changent dans leur intensité et la façon dont elles sont perçues. Les aînés sont capables d’une meilleure régulation des émotions, en maximisant celles qui sont positives et en contrôlant celles qui sont négatives, une aptitude qui, sans surprise, naît de l’expérience. Une réinterprétation des évènements permet aux personnes âgées d’adopter moins de stratégies défensives et de s’orienter davantage vers la résolution de problème.

Malgré tout, il est parfois nécessaire de s’outiller pour gérer le stress. Claude-Michèle Renaud a présenté quatre méthodes pour y faire face : être en mesure de reconnaître les signaux d’alarme qu’envoie le corps, déceler les symptômes d’érosion psychologique, pratiquer la technique de respiration diaphragmatique et celle de la pleine conscience. Ces deux techniques ont été expérimentées par les participants. La respiration consiste à pousser l’air inhalé vers le bas de l’organisme, pressant ainsi le diaphragme, ce qui entraîne une sécrétion d’endorphine par le cerveau. Quant à la pleine conscience, il s’agit d’un état d’esprit consistant à porter son attention sur le moment présent pour éviter d’être constamment en situation de réaction.

Bref, tant pour se prémunir contre le stress que pour s’en départir, la conférence de Mme Renaud aura permis aux aînés de Cambridge et de la région de se sensibiliser à ce problème de santé typique de notre époque.

 Photo : Une vingtaine d’aînés ont assisté à la conférence.