Qu’est-ce qu’une fillette de 6,7 ou 8 ans peut écrire, pendant trois mois, à une octogénaire qu’elle ne connaît pas? L’inverse est tout aussi intrigant. Qu’est-ce qu’une arrière-grand-mère peut raconter à une fillette qu’elle n’a jamais rencontrée et qui lui est inconnue?

L’expérience a été tentée, du mois d’octobre 2015 à mi-janvier 2016, par le Foyer Richelieu de Welland et la Boîte à soleil (Nouvel Horizon) au cours d’un projet intitulé Correspondance d’une génération à l’autre. 

Un groupe de huit fillettes d’âge scolaire a accepté joyeusement d’écrire à des « amies » octogénaires pour la plupart habitant la résidence du Foyer Richelieu. La particularité de cette correspondance entre deux générations très éloignées l’une de l’autre est que les deux parties non seulement ne sont pas membres d’une même famille, mais aussi elles ne se connaissent pas et ne se sont jamais rencontrées. Ces fillettes et leurs correspondantes aînées n’ont en commun que la langue et la culture françaises.

Après avoir échangé des lettres, c’est finalement le jeudi 14 janvier que les fillettes ont été conduites au Foyer Richelieu pour y rencontrer leurs « mystérieuses » correspondantes. Ce fut un moment magique attendu patiemment aussi bien par les fillettes que par ces aînées dont le quotidien est loin du monde des enfants. La joie et l’émerveillement se lisaient sur les visages de la vingtaine de résidentes participant à ce programme. Quant aux enfants, elles ne cachaient pas leur curiosité de mettre finalement des visages sur ces correspondantes inconnues jusque-là.

Les fillettes ont apporté des cartes de vœux qu’elles avaient fabriquées avec l’aide de leurs éducatrices ainsi que de petits cadeaux. Au nom des résidents, le Foyer Richelieu a offert une collation. Assises à différentes tables, les fillettes parlaient de leurs familles, leur école, leurs jeux favoris et de ce qu’elles aiment ou pas. Pour leur part, les aînées parlaient de la culture francophone, du Québec à l’époque où elles étaient enfants et de leur arrivée en Ontario. De plus, elles répondaient allègrement aux questions des jeunes.

La visite des enfants a fait entrer des rayons de soleil dans cette résidence. Océana, 8 ans, n’a pas caché son émotion : « J’ai vu ces madames… Elles ont aimé mon cadeau… Et moi je les aime ». Des gens qui ne rient plus souvent trouvent là une occasion d’éclater de rire, amusés par les histoires racontées par celles-là mêmes qui assureront la relève de la francophonie.

Pour Claudia, résidente du Foyer Richelieu et mère de six enfants, le fait de voir ces fillettes change la routine de sa journée. « Je ne les oublierai pas », a-t-elle confié. 

À en croire les organisateurs, ce sont justement là les objectifs poursuivis : socialiser, s’amuser, partager la sagesse et l’expérience, faire connaître les racines francophones.

 

Photo:  Les participantes au projet « Correspondance d’une génération à l’autre » se rencontrent.