Dans le cadre de cette série d’articles sur le projet Communautés francophones accueillantes, Le Régional s’est tourné vers Anaclet Tshibaka, dont le parcours d’immigration fut une réussite, afin d’illustrer que l’établissement au Canada peut se faire sans heurt et représente pour plusieurs l’espoir d’une vie meilleure.

En fait, pour M. Tshibaka, quitter la République démocratique du Congo ne représentait pas un luxe mais une nécessité. En dépit de son nom, ce pays ne se montre pas tendre pour ceux qui critiquent le gouvernement.

« J’avais eu des démêlés avec le pouvoir en place à cause d’un article, raconte Anaclet Tshibaka. J’ai été interpellé plusieurs fois. » Ayant collaboré au travail d’un journaliste et identifié ensuite comme source d’informations compromettantes, c’est donc l’exil volontaire qui l’attendait plutôt que de continuer à risquer sa vie.

En juin 2016, il arrive donc à Gatineau, au Québec, à titre de demandeur d’asile. Était-ce difficile, à la mi-cinquantaine, d’avoir à se refaire soudainement une vie en terre étrangère? « Ça ne m’a pas fait un choc parce que, à Gatineau, ça parlait français et j’ai pu trouver d’autres immigrants d’Afrique », relate M. Tshibaka. Cela dit, puisque sa priorité était d’assurer sa sécurité, avoir à se trouver loin de son pays natal représentait une source de soulagement plutôt que d’inquiétude.

C’est ensuite à Hamilton qu’il se fixe et où il découvre le Centre de santé communautaire Hamilton-Niagara. Ce fut le premier organisme francophone local avec lequel il s’est familiarisé. Il ne s’est pas non plus senti trop dépaysé puisque d’autres Congolais l’avaient précédé dans son établissement dans cette ville du Sud-Ouest ontarien.

Anaclet Tshibaka n’est pas demeuré seul bien longtemps puisqu’à la suite d’un processus de regroupement qui s’est déroulé sans problème, ses sept enfants l’ont rejoint en 2018.

Comme on ne vit pas de l’air du temps, M. Tshibaka a entrepris de se réinsérer sur le marché du travail. Il est aujourd’hui concierge pour le Conseil scolaire Viamonde tout en menant des études en travail social. Au chapitre des engagements communautaires, les aléas de l’immigration et les deux dernières années de confinement et de restrictions sanitaires de toutes sortes ne lui ont guère donné l’occasion de s’impliquer, mais ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne donne à son tour un coup de pouce à l’un ou l’autre des organismes chers aux francophones de Hamilton.

Quel bilan Anaclet Tshibaka fait-il de son parcours d’immigration? Ce fut, en gros, une expérience constructive et sans stress. Les rapports amicaux qu’il a entretenu avec les autorités et le bon accompagnement dont il a bénéficié ont été d’heureuses surprises : « J’ai trouvé que le pays était aimable, plus ouvert qu’en Europe », commente-il. De plus, il a vite compris qu’il trouverait sous nos latitudes ce qu’il recherchait : « Le Canada offre beaucoup de sécurité aux gens ».

Désormais citoyen canadien, Anaclet Tshibaka aspire à présent à une vie meilleure, non seulement pour lui mais aussi pour ses enfants qui, en fonction de leur âge, ont à présent l’occasion de faire de bonnes études ou d’intégrer un marché de l’emploi plein d’avenir.