Nombreux sont les films et les chansons où les protagonistes surmontent des obstacles de toutes sortes pour passer le temps des Fêtes entourés des leurs.

La pression ressentie en lien avec les réunions familiales n’a rien de nouveau. Mais en pleine pandémie, avec les cas de COVID-19 à la hausse et les responsables de la santé publique qui mettent en garde contre les rassemblements intérieurs, nos traditions comportent beaucoup plus de risques cette année.

Annoncer à ses proches que l’on ne veut pas participer aux rassemblements des Fêtes peut être délicat, mais ces discussions seront incontournables dans les semaines à venir.

« C’est déjà difficile de rater des rassemblements, mais c’est particulièrement difficile à Noël parce qu’il y a tellement d’attentes, souligne la docteure Nancy Hurst, une psychologue établie à Edmonton.

« Et s’il y a des gens qui voient la COVID différemment – certains qui croient fermement qu’il n’est pas sécuritaire de se rassembler, et d’autres qui croient qu’il faut faire une exception pour Noël –, il sera encore plus difficile de dire non. »

La docteure Hurst conseille d’aborder le sujet sous l’angle de la sollicitude et de l’importance de prendre des précautions.

Des proches plus têtus pourraient réclamer davantage d’explications, prévient-elle, mais il vaut mieux ne pas être sur la défensive.

« Il n’est pas nécessaire de justifier son point de vue, affirme-t-elle. Si on dit : « Je ne me sens pas en sécurité, je tiens quand même à vous, j’ai hâte de vous voir au printemps », la relation est probablement assez solide pour le supporter. »

La nouvelle sera peut-être plus facile à digérer si elle est présentée comme un report plutôt qu’une annulation, suggère le docteur Roger McIntyre, un psychiatre et professeur à l’Université de Toronto.

Les récentes données encourageantes sur les potentiels vaccins pourraient amortir le coup en donnant espoir que la pandémie tire à sa fin, illustre-t-il.

Le docteur McIntyre recommande de présenter le tout comme une décision collective. Et si toute la famille vit dans une zone chaude, elle pourrait se laisser plus facilement convaincre de respecter les directives locales de santé publique.

Sinon, les disparités régionales dans les niveaux de risque ne font que compliquer la situation, reconnaît-il.

La docteure Vanessa Meier-Stephenson, chercheuse en maladies infectieuses à l’Université de Calgary, se dit surtout préoccupée par les déplacements pendant la période des Fêtes.

« En ce moment, aucun rassemblement de Noël ne serait sans danger, rappelle-t-elle. Il y a un risque à être physiquement dans la même pièce avec des membres de sa famille qui ne font pas partie de son groupe habituel. Et en fin de compte, ça ne prend vraiment qu’une seule personne pour déclencher une éclosion. »

Après huit mois de restrictions sanitaires, certains sont épuisés de suivre les règles, relève la docteure Esther Greenglass, professeure de psychologie à l’Université York.

Et s’ils choisissent de festoyer malgré tout, en l’absence de ceux qui préfèrent ne pas se rassembler, il faut éviter de le vivre comme un « rejet personnel », conseille-t-elle.

« Si les gens ne comprennent pas, on n’a aucun contrôle là-dessus, mais on n’a pas à le prendre personnellement », explique la docteure Greenglass.

Si la période des Fêtes peut s’avérer difficile même en temps normal, le docteur McIntyre s’inquiète particulièrement du sentiment de solitude qui pourrait se faire envahissant cette année.

Il invite tout un chacun à rester en contact avec son entourage et il rappelle que des services d’aide restent disponibles pendant la crise pour les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale.

Pour ce qui est des festivités, la docteure Greenglass encourage ceux qui le peuvent à se tourner vers des solutions virtuelles et créatives. Elle propose par exemple d’insuffler un peu de proximité dans les soupers par vidéoconférence en partageant des recettes à l’avance ou en allant déposer des repas cuisinés sur les seuils de porte des autres convives.

« Cela permet aux gens de savoir que vous ne les rejetez pas, que vous aimeriez les voir et que vous y avez suffisamment réfléchi pour trouver d’autres options, a-t-elle fait valoir. La COVID n’a pas besoin d’être le grincheux qui voulait gâcher Noël. »

SOURCE – Melissa Couto Zuber, La Presse canadienne