HAMILTON – Des chercheurs de l’Université McMaster et de l’Offord Centre for Child Studies ont publié les résultats d’un sondage en ligne à l’échelle de la province intitulé Ontario Parent Survey (sondage auprès des parents de l’Ontario). Le but de ce sondage, qui a été mené entre le 5 mai et le 19 juin, est d’aider à comprendre ce que vivent les familles ayant des enfants dans le contexte de la COVID-19 et de connaître les services dont peuvent avoir besoin les familles et les aidants. Le sondage fait partie d’une plus vaste étude d’intervention financée par l’Agence de la santé publique du Canada, créée en vue de promouvoir des pratiques parentales positives et d’améliorer les résultats pour les enfants. Le sondage a été rempli par 7434 aidants/parents, représentant plus de 14 000 enfants.

Les constatations les plus importantes et les plus inquiétantes montrent que près de 60 % des aidants/parents satisfont aux critères de la dépression et que 40 % des aidants/parents ont signalé une détérioration du comportement ou de l’humeur de leurs enfants. Les participants au sondage ont également signalé des relations très conflictuelles avec leur partenaire depuis le début du confinement, et juste un peu plus du tiers des répondants ont indiqué une certaine perte de revenu. Les conclusions du sondage sont résumées sous cinq thèmes: 1) la santé mentale des aidants; 2) la santé mentale des enfants; 3) les répercussions sur les relations familiales; 4) les répercussions sur les besoins financiers; 5) les expériences positives.

« Les résultats les plus surprenants sont les niveaux extrêmement élevés de dépression parmi les aidants et les parents, et le fait que les enfants s’en sortent moins bien depuis le début de la pandémie, souligne la chercheuse principale Andrea Gonzalez, professeure agrégée et titulaire de la chaire de recherche du Canada de niveau II en interventions préventives et santé familiale. Nous savions que c’était une situation évidemment stressante pour les familles, mais les chiffres du sondage sont stupéfiants. Malgré cela, ce fut une bonne chose de voir les aspects positifs – les gens sortent davantage et passent plus de temps en famille. Toutefois, cela soulève certaines inquiétudes quant à ce qui pourrait arriver s’il y avait une deuxième vague cet hiver et qu’il fallait que nous soyons confinés à nouveau. »

Les aidants/parents ont indiqué que des facteurs de stress précis étaient reliés au travail – la perte d’un emploi, l’équilibre entre le travail et la garde des enfants, et les heures supplémentaires de travail. Les facteurs de stress financiers concernaient la perte d’un emploi et l’incapacité de visiter la famille ou d’obtenir un soutien de la famille. Et il y avait d’importantes inquiétudes quant au travail en première ligne ou au retour au travail et à l’exposition de la famille au virus.

Les aidants/parents ont aussi fourni des déclarations écrites au sujet des préoccupations quant aux répercussions sociales de l’isolement sur leurs enfants, et à leurs enfants qui s’ennuient de leurs amis et de leurs interactions et activités régulières. Ils s’inquiètent du retour à l’école et aux routines habituelles, ainsi que de la façon dont cela se passera pour leurs enfants qui ont été isolés pendant si longtemps. Les parents ont aussi exprimé certaines inquiétudes au sujet de leurs enfants accusant un retard à l’école et des répercussions que cela pourrait avoir sur leur trajectoire de vie. Beaucoup de parents ont écrit au sujet des inquiétudes précises de leurs enfants – le retour à l’école et la séparation des parents, les inquiétudes face à la maladie, le port de masques et la reprise des interactions « normales » avec les amis.

« Les parents ont souligné des inquiétudes précises concernant les pertes d’apprentissage et le besoin d’adopter des approches novatrices pour aider les enfants et les familles ayant des besoins scolaires et en matière d’apprentissage à distance, précise Mme Gonzalez. Lorsque le confinement a été décrété, bon nombre d’écoles et d’enseignants ont subi d’énormes pressions pour se retourner rapidement et mettre sur pied des trousses d’apprentissage à distance. Espérons que nous avons tiré des leçons qui aideront à orienter les prochaines étapes et les futurs programmes, s’il y a lieu. Les gens ont besoin d’aide, et plus la pandémie dure longtemps, moins elle est soutenable, et plus ce sera difficile pour les gens d’y faire face. »

L’équipe de recherche partage maintenant ses conclusions avec les partenaires clés de la santé publique et les organismes responsables du soutien à la santé mentale des enfants et des jeunes, et essaie de trouver des façons stratégiques de soutenir les familles à distance. Elle prévoit un sondage de suivi auprès des familles qui ont fourni leurs coordonnées pour une recherche ultérieure. Parmi les préoccupations, l’équipe s’intéresse vraiment à la façon dont les familles s’en sortent durant l’été ainsi qu’à leurs sentiments par rapport à la réouverture des écoles. Qu’est-ce que cela signifie pour les parents, les familles, le gouvernement et les groupes de soutien communautaire?

« Les familles sont manifestement stressées et éprouvent des difficultés, explique Mme Gonzalez. S’il y a effectivement une deuxième vague, nous devons être mieux préparés pour les appuyer. Il doit y avoir davantage d’options pour le soutien en ligne offert aux familles (pour qu’elles s’adaptent) et aux enfants pour réduire leur anxiété et d’autres inquiétudes touchant la santé mentale, ainsi que des moyens permettant aux enfants de communiquer avec leurs amis et des groupes sociaux si nous sommes à nouveau en confinement. »

L’Offord Centre for Child Studies est un institut de recherche multidisciplinaire qui a été fondé en 1992. Grâce à la collaboration dans divers domaines, tels que la pédopsychiatrie, la psychologie, l’épidémiologie, la pédiatrie, l’élaboration de politiques, le travail social et les soins infirmiers, le but du Centre est de mieux comprendre les problèmes de santé mentale des enfants, l’objectif général consistant à améliorer la vie des enfants et des jeunes.

Quant à l’Université McMaster, il s’agit d’une des institutions d’enseignement postsecondaire les plus réputées au Canada et un acteur incontournable de la recherche à Hamilton.

SOURCE – Université McMaster