La Ville de Welland vient de se doter d’une rubrique en français sur son site internet. En cliquant sur l’onglet Découvrir de la page d’accueil de www.welland.ca, les internautes ont désormais accès à des contenus en langue française concernant l’histoire de la communauté locale, les curiosités touristiques, les hébergements et une présentation de la ville québécoise de Sorel, jumelée à Welland depuis 1957. La rubrique contient également une quinzaine de liens vers les sites web de différents organismes offrant des services en français dans les domaines de l’emploi, de la culture, de la santé, de l’éducation et de la petite enfance.

Certes il ne s’agit pas d’un site bilingue en tant que tel puisque le reste des contenus web et des réseaux sociaux sont diffusés uniquement en anglais, mais il s’agit d’un geste significatif à l’égard de citoyens considérés comme suffisamment nombreux et culturellement importants pour qu’on leur offre un tel service. Présente à Welland depuis plus d’un siècle, la communauté compte aujourd’hui plus de 5700 résidents et représente près de 11,4 % de la population.

« J’ai initié le concept d’augmentation du contenu bilingue dans l’ensemble de la municipalité, explique le maire Frank Campion. Pour ce faire, nous avons mis sur pied un groupe de travail interne qui collabore avec certains de nos partenaires francophones. Actuellement, mes communications et communiqués de presse ne sont pas traduits mais j’entends que cela change car nous sommes en mesure d’effectuer ces traductions. Notre objectif est de fournir autant de communications bilingues que possible. »

L’onglet Découvrir fournit des renseignements en français sur le site web de la Ville.

Ce n’est pas la première fois que la ville (désignée avec Port Colborne pour offrir des services gouvernementaux en français) fait un pas vers les francophones. De la mise en place permanente du drapeau franco-ontarien en 2014 sur le parvis de la mairie à la généralisation des panneaux d’information bilingues en 2018, plusieurs gestes se sont concrétisés, avec l’appui de partenaires bien implantés comme le Club Richelieu ou le CERF Niagara.

Au-delà des résidents, le premier magistrat de Welland entend surfer sur l’image d’une ville où il fait bon vivre en français pour attirer de nouveaux touristes. « La langue et la culture françaises constituent une part importante de notre communauté et, sans promotion, elles pourraient s’affaiblir ou se perdre avec le temps. Étant donné que nous vivons dans une ville de la diversité, il est important pour nous d’en reconnaître la valeur non seulement pour nos résidents mais aussi pour encourager le tourisme et les affaires », ajoute M. Campion, capitalisant notamment sur le tourisme généalogique. La bibliothèque municipale abrite en effet de précieuses ressources documentaires et des registres généalogiques sur plusieurs générations canadiennes-françaises mis en valeur par des bénévoles de la communauté.

Dans cette même logique de développement touristique, Welland a intégré le Réseau des villes francophones et francophiles des Amériques. Créé en 2015, ce cercle grandissant de 140 villes canadiennes, américaines et caribéennes a pour but de promouvoir la vitalité du patrimoine et des milieux culturels francophones. Welland espère ainsi nouer des alliances économiques et vanter ses attraits à l’échelle internationale. Le projet du Réseau de mettre en place un circuit touristique entre les villes membres pourrait aussi fortement contribuer à la mettre sur la carte nord-américaine de la francophonie.

Frank Campion, maire de Welland.

La Ville lorgne aussi du côté des investisseurs. Il y a quelques semaines, le maire s’est rendu à Cannes, en France, au Marché international des professionnels de l’immobilier (MIPIM) avec son directeur économique et son directeur financier pour convaincre des partenaires d’investir à Welland. En ligne de mire : plusieurs projets dont celui de la partie Nord du canal récréatif de Welland qui devrait faire l’objet d’appels d’offres dans les mois à venir. « On espère créer un développement commercial et résidentiel unique qui deviendra une destination touristique », avance M. Campion, parlant d’un « projet de classe mondiale ».

Au terme de quatre jours de discussions et de négociations, plusieurs investisseurs ont manifesté leur intérêt pour l’Ontario et en particulier Welland dont les infrastructures et la proximité avec les États-Unis constituent de sérieux arguments. « Nous avons rencontré des entreprises qui ont créé des développements spectaculaires, poursuit le maire. Il est logique d’attirer les meilleurs développeurs nationaux et internationaux pour fournir des propositions sur ce site. Notre capacité à fournir des services en anglais et en français leur fournit une raison de plus d’investir à Welland. »

La stratégie franco de la ville s’étend aussi à la sphère politique. « Il est essentiel pour nous d’avoir une discussion continue avec nos collègues fédéraux et provinciaux pour faire avancer les intérêts des francophones et des autres municipalités, affirme Frank Campion, qui a rencontré la ministre des Affaires francophones en février et dit avoir fait pression sur le gouvernement provincial pour obtenir plus de lits de soins de longue durée au sein du Foyer Richelieu.

Selon lui, l’adhésion de l’Ontario à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) est aussi une excellente initiative qui renforce l’identité francophone de la province : «  Ce concept doit être une priorité pour l’avenir. À Welland, nous avons démontré que cela en est une. Ce n’est que le début. »

 

Photo (couverture) : le drapeau franco-ontarien flotte sur la place civique de Welland depuis 2014.