Fourni par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, le programme Deuxième carrière est relativement peu connu du public. Il remet pourtant régulièrement en selle des demandeurs d’emploi peu qualifiés ayant perdu leur travail après plusieurs années dans la même entreprise.
À Welland, le Centre d’emploi et de ressources francophones (CERF) Niagara aide ainsi chaque année cinq à huit personnes depuis 2008 grâce à ce programme. « En 2016-2017, nous avons réussi à inscrire sept personnes », confirme Hanane Bouqentar, conseillère à l’emploi au sein de l’organisme qui, chaque mercredi, organise des ateliers sur ce programme.
« Pour être éligible, il faut avoir été mis à pied et prouver que l’on est en recherche active d’emploi depuis au moins 13 semaines, précise-t-elle. Il y a une tolérance pour les emplois temporaires permettant de subvenir à ses besoins essentiels. Il faut aussi être peu diplômé ou avoir une qualification ancienne qui ne répond plus aux exigences actuelles des employeurs. On ne peut pas, par exemple, accepter quelqu’un qui a quitté son travail, sauf pour des raisons médicales graves. »
À travers une série de tests de personnalité et de carrière, la conseillère évalue le profil et le besoin de ses clients pour les préparer au mieux au marché du travail. Si le programme Deuxième carrière s’avère le meilleur moyen de retrouver un emploi, la conseillère francophone les aide à trouver la formation courte (un an maximum) la mieux adaptée à son projet professionnel.
Commence alors un parcours administratif de plusieurs semaines pour constituer un solide dossier dans lequel le chercheur d’emploi indique notamment les compétences qu’il souhaite acquérir et les endroits où il peut suivre la formation adéquate. Il doit aussi et surtout démontrer que les compétences et l’emploi qu’il vise sont recherchés sur le marché de l’emploi.
Le financement accordé par le ministère peut atteindre les 28 000 $. Un sérieux coup de pouce qui peut servir à couvrir des droits de scolarité, des manuels d’apprentissage ainsi que les frais de transport et de garde d’enfants qui vont placer le travailleur dans les meilleures conditions pour réussir son projet professionnel.
Dans le Niagara, la construction, l’électricité, les transports, l’éducation et les administrations sont les secteurs les plus en demande de personnel qualifié. « Nous avons orienté plusieurs personnes dans ces domaines, par le biais du programme Deuxième carrière, ajoute Mme Bouqentar. Nous les orientons en fonction de leur profil, de leurs attentes, que l’on met en phase avec les débouchés. »
Certains sont restés dans le même domaine d’activité en obtenant une certification actualisée, en phase avec les normes d’aujourd’hui comme un permis de conduire des camions – DZ et AZ. D’autres ont complétement changé de direction.
« On a par exemple aidé beaucoup de femmes à obtenir un diplôme d’éducatrice de la petite enfance, d’assistante administrative ou médicale », argumente la conseillère. Ces profils sont très prisés dans la Péninsule, surtout s’ils sont francophones, voire bilingues. Ils ont une longueur d’avance sur les autres candidats pour décrocher un poste. »
Changer de champ d’activité s’avère toujours une prise de risque que le CERF Niagara atténue en accompagnant le client. « On a par exemple placé dans une garderie une personne qui évoluait dans l’administration . Elle voulait travailler dans l’éducation mais pensait occuper des fonctions administratives. On a fait une exploration de carrière pour lui montrer le panel de possibilités qui s’offrait à elle. On a obtenu un placement en intérim dans une garderie. Elle a aimé l’expérience et on a pu démarrer Deuxième carrière avec elle pour qu’elle obtienne le diplôme requis. »
Dans une région où le chômage touche 6700 personnes – soit 5,9% de la population active du Niagara –, Deuxième carrière se révèle donc une piste sérieuse à considérer pour retrouver un emploi et relancer sa carrière professionnelle.
Photo : Hanane Bouqentar, conseillère à l’emploi au CERF Niagara