Le 25 avril dernier, à la salle paroissiale de l’église Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, se tenait une conférence sur le vieillissement et les troubles cognitifs qui lui sont associés. Organisée par la Société Alzheimer en partenariat avec quelques clubs de l’âge d’or de la région, l’activité a rassemblé une centaine d’aînés de Hamilton, St. Catharines, Burlington et Cambridge. Tous étaient venus écouter le docteur Guy Proulx, un spécialiste du domaine et conférencier hors pair.
C’est, pour l’essentiel, Chantal Mudahogora, conseillère thérapeutique à la Société Alzheimer, qui a mis sur pied cet évènement. Elle connaît bien le Dr Proulx pour avoir collaboré de temps à autre avec lui à certains projets. Mme Mudahogora a présenté le conférencier à l’assistance en résumant, en quelques mots, son parcours professionnel. Titulaire d’un doctorat en psychologie de l’Université d’Ottawa, Guy Proulx travaille depuis 50 ans auprès des personnes âgées et sa longue carrière de praticien se double également d’une carrière dans l’enseignement puisqu’il est professeur titulaire au Collège universitaire Glendon.
En une heure et demie, le Dr Proulx s’est efforcé de donner un autre visage au vieillissement en pimentant sa présentation d’exemples et de pointes d’humour. C’est d’abord par la présentation de quelques statistiques qu’il a tenu à mettre les choses au clair : non, il n’est pas normal ou fréquent d’être atteint d’une forme ou une autre de démence en vieillissant. En fait, la grande majorité des aînés n’ont pas ce problème : seul 2 % des gens âgés de 65 à 74 ans en sont atteints, et cette proportion grimpe à 11 % chez les 75 à 84 ans et à 35 % chez les 85 ans et plus. En d’autres mots, 92 % des gens âgés de 65 ans et plus ne subissent pas d’altération de leurs facultés intellectuelles.
Qui plus est, il est possible, en abandonnant certaines mauvaises habitudes, de faire diminuer la probabilité d’être atteint d’un problème de mémoire tout en augmentant sa santé en général et, du même coup, son espérance de vie. En se basant sur quelques recherches, le Dr Proulx a mentionné que l’espérance de vie peut augmenter d’environ 6 ans en cessant de fumer, en mangeant moins de malbouffe et en devenant plus actif. Bien qu’il soit préférable d’adopter un style de vie sain le plus tôt possible, ces changements peuvent entraîner des effets positifs même lorsqu’ils sont mis en pratique tard dans la vie.
Les gens devraient d’ailleurs porter une attention accrue aux conséquences futures de leurs habitudes sur leur santé. En effet, selon Guy Proulx, il y a présentement une différence de 10 ans entre l’espérance de vie et ce qu’il appelle « l’espérance de santé ».
Distinguant les différences entre le vieillissement optimal, normal, à risque et finalement avec troubles cognitifs légers et démence, il a rappelé que l’augmentation de l’espérance de vie était un des plus grands changements que notre société ait connu au cours des 100 dernières années.
Si, en 1900, il y avait trois centenaires au Canada, ils étaient environ 9000 en 2010, et il se pourrait que 50 % des enfants nés depuis 2007 atteignent cet âge vénérable. Il est donc urgent de se questionner sur les diverses facettes du vieillissement.
Avancer en âge n’est pas directement associé à la perte de mémoire mais il est clair que celle-ci change avec le temps, et parfois pour le mieux. Le Dr Proulx a tenu à faire cette distinction, et il est d’autant mieux placé pour le savoir qu’il a mis au point un outil francophone inédit pour évaluer les facultés mémorielles.
Ainsi, la recherche démontre que si les aînés sont en général plus lents à réagir et à se rappeler, leurs capacités d’attention et d’anticipation sont souvent plus développées que celles des jeunes. Ce serait ni plus ni moins que la conséquence de l’expérience acquise.
Guy Proulx a à ce propos évoqué une expérience qui illustre parfaitement ce « poids » et cette valeur de l’expérience : lorsque des personnes âgées ont à raconter une histoire à de jeunes enfants, ils se souviennent ensuite davantage des détails du récit que des jeunes ayant à se livrer au même exercice. Pourquoi? Parce que ces aînés ont eu des enfants et ont passé des années de leur vie à les éduquer. Leur cerveau a en quelque sorte « pris conscience » de l’importance de cette tâche et s’est adapté pour l’accomplir avec la plus grande efficacité possible.
C’est avec cette anecdote que le Dr Proulx a entamé la conclusion de sa conférence, énumérant au passage certains changements qui, selon lui, devraient être apportés aux services destinés aux aînés. Cependant, tout n’est pas qu’une question de services : les attitudes et la perception de la réalité sont aussi importantes. C’est pourquoi la présentation de Guy Proulx aura surtout servi à faire voir la vieillesse non pas comme une série de limitations, mais comme un potentiel et un ensemble de possibilités.
Photos : le conférencier Guy Proulx et Chantal Mudahogora, conseillère thérapeutique à la Société Alzheimer. Une centaine d’aînés ont assisté à la conférence.