L’organisme Solidarité des femmes et familles immigrantes francophones du Niagara (Sofifran) a accueilli, le dimanche
19 février dans le cadre du Festival des arts folkloriques de Niagara, deux invités sur le thème de « l’oralité de tolérance et d’éducation ». Hoseun Ghani, invité principal, s’est exprimé en anglais (traduit vers le français par Nafée Nelly Faïgou) et Alwaia Ahmed l’a fait ponctuellement en anglais et en arabe. Cette mosaïque de langues a permis de s’assurer que tous repartent avec les idées présentées.

Fété Kimpiobi explique qu’après le mot d’introduction de Nafée Faïgou, les deux organisatrices de l’après-midi et directrices de Sofifran vont laisser la parole aux invités. Un rappel est fait sur la place de l’oralité : « Dans la culture africaine, on se parle les uns les autres. La famille entière se construit autour des mots. Les sentiments sont verbalisés. Si parfois les mots sont utilisés pour diviser les gens, on aimerait qu’ils soient aujourd’hui utilisés pour les unifier ».

« Le Canada est le meilleur pays du monde », fait valoir l’orateur principal, un homme qui a beaucoup voyagé. Sur ce point, on peut entendre tout le monde acquiescer. Pour lui, c’est un pays d’accueil et de tolérance. Cela passe déjà par sémantique de « nouvel arrivant» pour désigner dans d’autres pays un « immigrant ».

L’idée est celle que les nouveaux arrivants sont déjà des Canadiens. Il n’y a donc pas de fossé entre un Canadien et un étranger, mais l’idée qu’il y a des Canadiens plus anciens et d’autres nouveaux, tout simplement.

L’immigrant d’hier comme celui d’aujourd’hui fait face à de nombreuses questions lors de son arrivée dans le pays : « Dois-je abandonner mon identité, mes valeurs et mes croyances, au risque de me trouver vide et perdu? », « Dois-je me fermer aux autres et à cette société de peur de perdre ce qui compose mon originalité, mon éducation et mes traditions? »

L’orateur explique que « les deux ont tort. Tout comme ceux qui vacillent entre les deux ». Pour lui, la clé d’une intégration réussie, c’est d’abord la question du bien-être personnel et de l’estime de soi. Ainsi, le succès d’une intégration, c’est avant tout un succès individuel.

Si les politiques d’intégration du pays d’accueil ont un rôle crucial à jouer, la pièce maîtresse tout comme le plus gros obstacle, c’est soi-même.
Néanmoins, il peut y avoir des questions brutales posées à un nouvel arrivant par des personnes maladroites ou mal intentionnées.
Une mère dans la salle demande à l’intervenant quoi répondre au professeur qui demande à son enfant « D’où viens-tu? » – « Je suis Canadien », répond l’enfant, – « Oui, mais d’où tu viens originairement? ».

Cette question peut sembler banale et innocente pour certains, comme elle peut tout aussi bien être empreinte de racisme pour d’autres, car sous-entendu que tu ne peux pas être à la fois Noir et Canadien.

Au fond, la clé à cette question est la confiance en soi, car l’individu ne prendra pas ces maladresses pour un affront personnel.

C’est aussi l’occasion d’éduquer et de donner confiance aux arrivants qui peuvent se sentir perdus, car « la citoyenneté ce n’est pas une question de papier, mais un sentiment » de sa place dans la société : « Qui sommes-nous? » en tant que groupe, « Qui suis-je ?» en tant qu’individu, dit Hoseun Ghani. Pour lui, la meilleure réponse est : « Je suis un être humain ». Réponse courte, simple et sincère à une question complexe.

Il est donc nécessaire de ne pas regarder la couleur, l’origine, la religion, la beauté ou la taille qui sont des caractéristiques qui nous différencient, mais de voir à l’intérieur l’essence même de notre condition d’être humain.

L’exposé oral présenté à l’occasion des activités de Sofifran fait passer des messages humanistes, qui au final touchent la société dans son ensemble. Favoriser la tolérance, s’aimer avec bienveillance, communiquer avec respect, voilà une leçon de vie que les participants pourront garder avec eux comme un précieux cadeau, invisible, mais indélébile.

Alexia Couttet