S’il n’y avait pas eu de changements dans la LNH au cours des 100 dernières années, les joueurs peu protégés dotés de bâtons de bois découpés en une seule pièce tenteraient encore de percer les défensives adverses sans passer la rondelle vers l’avant ni prendre un élan pour décocher un lancer.
Heureusement, ce sport a connu son lot d’innovations.

Certaines d’entre elles ont germé afin de rendre le sport plus divertissant, alors que d’autres avaient comme objectif de le rendre plus sécuritaire et parfois, bien malgré elles, les innovations ont empêché les meilleures équipes et les meilleurs joueurs d’avoir un avantage sur les autres.
Voici quelques-unes d’entre elles qui ont marqué l’histoire de la ligue jusqu’ici :

Le masque de gardien de but. Clint Benedict, des Maroons de Montréal, en a porté un pendant cinq matchs en 1930, mais c’est Jacques Plante, du Canadien, qui l’a popularisé en faisant fi des reproches de l’entraîneur-chef Toe Blake lorsqu’il le portait à temps plein en 1959. Le visage de Plante avait été lacéré par un tir frappé d’Andy Bathgate et il avait décidé qu’il en avait « assez ». Son utilisation a tout de même mis du temps à se répandre. Le gardien des Penguins de Pittsburgh Andy Brown fut le dernier à stopper les tirs sans masque protecteur en 
1974.

Palettes courbées. De nombreux joueurs, dont Andy Bathgate et Bert Olmstead, ont indiqué avoir courbé la palette de leur bâton avant que Stan Mikita et Bobby Hull des Blackhawks de Chicago ne le fassent alors qu’ils pratiquaient leur tir frappé vers la fin des années 1950. Certains ont dénigré la palette « banane », mais la courbe a permis à Hull d’avoir l’un des tirs les plus puissants de la ligue. La LNH a éventuellement limité l’ampleur de la courbe qu’un joueur peut utiliser, mais les récentes découvertes technologiques, parmi lesquelles se trouve le bâton en composite, ont permis à la plupart des joueurs d’avoir un tir aussi puissant que celui de Hull à l’époque.

Casques protecteurs. George Owen, des Bruins de Boston, aurait été le premier à en porter un en 1928, et le casque protecteur est devenu un enjeu de taille lorsque le joueur des Maple Leafs de Toronto Ace Bailey a failli perdre la vie après avoir été poussé violemment contre la rampe par le joueur des Bruins Eddie Shore. Il aura fallu le décès de Bill Masterton à la suite d’une blessure à la tête en 1968 pour contraindre les joueurs à y réfléchir, sans nécessairement l’adopter. Le dernier joueur à évoluer sans casque protecteur fut Craig MacTavish, avec les Blues de St. Louis, en 1996-97.

Ligne rouge, ligne bleue. Lorsque le hockey est né, il n’y avait aucune passe permise vers l’avant. Les lignes bleues ont été ajoutées en 1918, permettant les passes vers l’avant en zone neutre. En 1927, il était permis d’effectuer des passes vers l’avant en zones défensive et neutre. En 1928, il était permis d’effectuer une passe en franchissant la ligne bleue adverse. Un an plus tard, il était permis de faire des passes partout sur la patinoire, sauf en franchissant les lignes car un hors-jeu était alors appelé. En 1943, la ligne rouge a été adoptée, afin de permettre que des passes soient faites jusqu’au centre de la patinoire. Depuis 2005, il est permis d’effectuer des passes jusqu’à la ligne bleue ennemie. Chaque fois, l’objectif était de générer plus d’attaques.

Avantages numériques. D’abord, les pénalités mineures duraient trois minutes avant d’être réduites à deux en 1921. Le joueur fautif devait purger la totalité de la pénalité de deux minutes. Mais le 5 novembre 1955, Jean Béliveau a inscrit trois buts en 44 secondes pendant le même avantage numérique. Le Canadien avait marqué 26 % de tous les buts de la ligue en avantage numérique cette année-là. Ainsi, en 1956, un nouveau règlement a été instauré afin que la pénalité soit annulée si une équipe marque en avantage numérique. Le règlement a été adopté à cinq contre un, le Canadien étant le seul à s’y opposer.

Fusillade. La prolongation était en vigueur dans la LNH jusqu’en 1942, mais a été abolie en raison du couvre-feu en temps de guerre. Elle a été réintroduite en 1983, sous le format d’une période de cinq minutes.

En 1999, la LNH a opté pour une prolongation à quatre contre quatre afin de réduire le nombre de matchs nuls. Après le lock-out de 2004-05, la fusillade a été adoptée afin d’éliminer les matchs nuls.

Mais les équipes ne marquaient toujours pas suffisamment de buts, et donc la prolongation à trois contre trois a été adoptée, suivie d’une fusillade si nécessaire, en 2015.

La trappe en zone neutre. L’entraîneur-chef Jacques Lemaire est considéré comme le père de la défensive étanche préconisée par les Devils du New Jersey qui leur a permis de remporter trois coupes Stanley. La trappe, et ses variantes, consistaient pour une équipe à créer de l’embouteillage en zone neutre pour provoquer des revirements. Ce système de jeu est pratiquement disparu à la suite de la décision de la ligue d’abolir la ligne rouge et de lutter contre l’obstruction en 2005, mais certains entraîneurs tentent encore d’étouffer les attaques adverses.

Bobby Orr. Quel autre joueur a eu un aussi grand impact sur son sport? Erik Karlsson et P.K. Subban ne seraient peut-être pas là si Orr n’avait pas démontré qu’un défenseur peut être considéré comme une véritable menace offensive. À une époque où les défenseurs devaient sagement rester en retrait, Orr orchestrait des montées irrésistibles, perçait la défensive adverse et amassait des points à un rythme ahurissant de 1966 jusqu’à ce que ses genoux ne lâchent en 1978. Il est le seul défenseur à avoir gagné le championnat des marqueurs, et il a accompli l’exploit à deux reprises. Lauréat du trophée Norris à huit reprises, Orr a changé le hockey à jamais.

Bill Beacon