Peu d’organismes franco-ontariens peuvent se vanter de cumuler 60 ans d’existence et le Centre communautaire francophone de Cambridge (CCFC) fait désormais partie de ce club sélect. Fondé en 1958, le CCFC a été et demeure au coeur de la vie sociale de quatre générations de francophones. Le 28 octobre dernier, plusieurs d’entre eux s’y sont réunis pour partager leurs souvenirs et célébrer cette institution remarquable.

Un souper a été le prétexte pour se rassembler en soirée. Comme c’est toujours le cas, c’étaient des bénévoles qui avaient préparé le festin, démontrant encore une fois combien le CCFC doit sa popularité à la générosité de ses membres les plus dévoués. C’est après le repas qu’un rappel de l’histoire de l’organisme et un hommage aux personnalités qui s’y sont illustrées ont retenu l’attention de l’assistance.

Avec un accompagnement musical, un diaporama de photos des activités du centre au fil des décennies a été projeté au grand plaisir de tous. Ce voyage dans le temps en a fait sourire plus d’uns, provoquant même quelques éclats de rire. L’assistance a pu constater que, de Dominique Filion à Louise Godin, 23 présidents se sont succédé à la tête de l’organisme. Si certains sont plus ou moins tombés dans l’oubli, d’autres ont laissé leur marque et le rappel visuel de leur présidence a suscité des applaudissements spontanés.

 

Une longue histoire

Le CCFC n’a pas toujours été ce qu’il est aujourd’hui. Il s’agissait à l’origine d’une ligue de hockey composée de deux équipes que des amis avaient convenu de créer afin d’offrir des occasions de se divertir en français à la communauté francophone naissante. En effet, depuis le début des années 1940, plusieurs familles originaires du Québec, notamment de Saint-Fabien-de-Panet, venaient s’établir par vagues successives à Galt, qui sera fusionnée à Cambridge en 1973. Ces familles ne disposaient alors d’aucune institution ou organisme dans leur langue, de sorte que ces activités sportives ont constitué le point de départ d’une vie sociale en français dans la ville.

À la ligue de hockey s’ajouta, en 1960, une ligue de quilles. Puis, en 1961, le Club social canadien-français, dont la première activité fut une danse de l’Halloween. En 1969, le terrain actuel de l’organisme a été acheté et une nouvelle époque commençait : celle du poulailler! En effet, une petite maison et un poulailler, vite reconverti en un lieu de rencontre, se trouvaient sur la propriété.

En 1971, une division est survenue au sein de la communauté et deux organismes ont alors été créés, mais ceux-ci ont été fusionnés en 1980 pour former le CCFC qui disposait alors de 500 membres. La popularité de l’organisme ne cessant de grandir, le « poulailler » a été remplacé par le bâtiment actuel, inauguré en 1985 après de nombreuses activités de financement. Le CCFC continue depuis d’offrir une vaste gamme d’activités sportives et socioculturelles pour les petits et les grands.

 

Des témoignages émouvants

Comme l’avait fait remarquer Nancy Corriveau, membre du conseil d’administration, dans son mot de bienvenue en début de soirée : « J’ai grandi avec le centre et il y en a plusieurs, ici, qui ont vécu ça ». Pour étayer ses propos, Mme Corriveau est revenue sur la scène pour offrir le premier de quelques témoignages. Après avoir raconté plusieurs anecdotes tirées de son enfance qui illustraient le passé de la communauté, elle a conclu par cet appel à la fidélité : « J’aimerais que l’on puisse garder notre culture pour laquelle on s’est battu ».

Les participants ont écouté les témoignages avec attention.

Louise Godin en avait aussi long à dire, elle qui fréquente l’organisme depuis qu’elle est toute petite : « On s’est bien amusé dans le poulailler. C’est quelque chose que l’on n’oublie pas. Nos parents, dans le temps, nous amenaient à tous les événements du centre, a confié la présidente. J’apprécie avoir passé tout ce temps avec la communauté ». Mme Godin a entre autres expliqué qu’elle se sentait privilégiée d’avoir pu, jeune adolescente, faire des tournées partout en Ontario avec une troupe musicale.

Un autre habitué du CCFC s’est exprimé avec autant d’émotion que d’humour sur ses expériences : « Je me rappelle du poulailler. On venait ici tous les dimanches, a raconté Maurice Guénard. Ça me réchauffe le coeur de voir tout le monde, ici, ce soir. On garde notre langue ». Cet autre membre du conseil d’administration a aussi eu une pensée pour les efforts investis non seulement dans l’organisme, mais aussi dans les autres institutions francophones de Cambridge : « Il ne faut pas oublier qu’il y a eu beaucoup de sacrifices pour avoir notre centre et nos écoles ».

Un des piliers du CCFC, l’ancien président Lucien Bolduc, a également adressé quelques mots à l’assistance : « J’ai travaillé 52 ans pour le « club », a-t-il rappelé en mentionnant les comités qui l’ont épaulé. Je dis « merci » à tout le monde. Continuez à venir au centre et n’oubliez pas qu’il y a eu beaucoup de travail qui a été fait des années 1950 aux années 1970 ».

C’est sur ce témoignage d’un pionnier de la vie sociale en français à Cambridge que se sont conclues les célébrations du 60e anniversaire de l’organisme. Longue vie au CCFC!

 

PHOTO : Le souper-spaghetti a réuni une soixantaine de convives.