Un satellite conçu et construit par des chercheurs de l’Université McMaster, à Hamilton, a été sélectionné par l’Agence spatiale canadienne pour être lancé dans l’espace dans le cadre de l’initiative nationale CubeSat.

Lancé et déployé en 2021 à partir de la Station spatiale internationale (ISS), ce satellite aura pour tâche de mesurer la nature et les propriétés des radiations potentiellement dangereuses auxquelles les astronautes sont exposés pendant les sorties dans l’espace.

Les chercheurs espèrent que l’instrument de radiation à bord du satellite pourra remplacer les équipements actuels de l’ISS, identifier les zones à forte concentration comme les tempêtes solaires et apporter des améliorations aux outils actuels de modélisation du rayonnement.

Le projet a été conçu par Andrei Hanu. Diplômé de McMaster en sciences du rayonnement, cet ancien chercheur de la NASA est un scientifique chevronné du centre nucléaire Bruce Power. M. Hanu a approché Soo Hyun Byun, professeur de physique et d’astronomie à McMaster, avec l’idée de construire un satellite de surveillance des radiations et, ensemble, ils ont réuni une équipe d’étudiants.

« Le satellite est très petit mais très puissant. Nous venons de terminer la phase de conception de la mission, née de la nécessité de développer des dosimètres de radiation perfectionnés. Nous réfléchissons maintenant à comment nous allons la lancer, à ce que nous allons faire en orbite, avec quel type de mesures, et comment nous allons traiter ces données », explique-t-il.

Environ 40 étudiants ont travaillé sur ce projet appelé NEUDOSE. « NEU » pour les neutrons, « DOS » pour la dosimétrie (mesure des doses de rayonnement), et « E » pour l’exploration.

« Nous sommes au stade d’une nouvelle ère d’exploration », abonde Fiona McNeill, à propos de l’exploration habitée lointaine comme celle de la planète Mars, un objectif de plus en plus réaliste qui pose néanmoins un défi considérable en matière de santé.

Selon la directrice des programmes d’études supérieures en radiation de l’Université McMaster, « les environnements spatiaux font courir de graves risques de cancer aux astronautes. Lorsqu’ils effectueront des missions sur Mars et seront dans l’espace pendant des années, ils recevront une forte dose de rayonnement », distinct des formes naturelles de rayonnement que l’on connaît sur Terre.

Une fois dans l’espace, le satellite commencera une mission de neuf mois. Chaque fois qu’il passera au-dessus du campus de McMaster, il diffusera des tonnes de données qui seront collectées et analysées par des chercheurs sur le terrain, dont Erica Dao, chef de projet et doctorante en sciences de la radiologie, membre de l’équipe depuis plus de trois ans. « C’est un projet entièrement axé sur les étudiants, dit-elle. Dans chaque étape, les étudiants conçoivent, fabriquent, testent et construisent le satellite. Ils développent ainsi une quantité incroyable de compétences techniques. »

Cet automne, certains membres de l’équipe se rendront au Texas pour tester un prototype du satellite à bord d’un ballon stratosphérique atteignant 120 000 pieds dans le cadre d’un programme prestigieux. Ils sont parmi une douzaine d’équipes choisies dans les universités du monde entier.

NEUDOSE est la première de nombreuses missions CubeSat de l’Université McMaster qui mettra à l’essai des technologies avancées de surveillance des rayonnements et formera la prochaine génération de scientifiques canadiens.

 

Photo (JD Howell/McMaster University) : Une partie de l’équipe de chercheurs de l’Université McMaster pilotée par Andrei Hanu (à gauche)