Joanne Harris, Des pêches pour monsieur le curé, roman traduit de l’anglais par Gaëlle Rey, Montréal, Éditions Hurtubise, 2013, 584 pages, 29,95 $.
Après Chocolat, qui s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires, Joanne Harris poursuit avec Des pêches pour monsieur le curé. Vianne Rocher retourne à Lansquenet, village où elle avait ouvert sa chocolaterie huit ans plus tôt. Le père Reynaud est toujours là, mais à couteau tiré avec la communauté musulmane qui a envahi ce bled catholique près de Bordeaux.
Vianne, qui peut lire les couleurs d’une âme, ne tarde pas à voir que son ennemi d’antan, le curé Reynaud, a besoin d’elle car « la vie joue des tours à nos attentes les plus certaines et l’avenir prend une tournure bien différente » de ce qu’on a envisagé. Les femmes ont beau se voiler, Vianne peut voir au-delà des apparences. Derrière la burka, elle voit « le cœur, même de ceux qui le cachent. Je vois plus profond. Dans son sillage, j’ai vu danser des arcs-en-ciel. »
Avec Des pêches pour monsieur le curé, Joanne Harris réussit merveilleusement bien à démontrer que, même si la honte est la Scylla de l’un et l’orgueil la Charybde de l’autre, la lumière jaillissant de la fenêtre de l’étranger a parfois le don de chasser l’obscurité intérieure de l’indigène.
Sophie Rondeau, Cupcakes et claquettes, tome 2, L’amour est un caramel dur, roman, Montréal, Éditions Hurtubise, 2013, 256 pages, 12,95 $.
Nouvelles aventures pour les jumelles Clara et Lili. Elles franchissent un important pas – 13 ans – et deviennent des teenagers. Lili fréquente toujours Grégory, mais l’amour ressemble à un caramel dur. « Avant de le manger, on le déballe délicatement, […] on anticipe notre plaisir, on le croque avec envie et on se délecte de sa saveur sucrée… mais au bout d’un moment, le caramel colle aux dents et c’est vraiment moins agréable. »
Clara se découvre une passion pour la poésie, mais n’ose s’afficher publiquement, préférant signer ses textes sous un pseudonyme dans le journal étudiant. Son cahier d’écriture disparaît mystérieusement et elle ne se doute pas qu’il pourrait être tombé dans les mains d’un garçon secrètement amoureux d’elle…
On est surpris que les deux jumelles restent aussi sveltes avec tous les desserts – cupcakes au chocolat et pain au citron – que Clara cuisine. L’auteure aborde toujours les thèmes de l’amitié, de la jalousie et de l’estime de soi avec beaucoup d’aplomb et de réalisme.
Andrée Poulin, La plus grosse poutine du monde, roman, Montréal, Éditions Bayard, coll. Zèbre, 2013, 160 pages, 15,95 $.
Pour les dix ans et plus, l’auteure a mijoté une histoire de poutine géante digne de figurer dans le livre des Records Guinness. Thomas, 14 ans, veut fabriquer cette poutine de 650 kilos pour « montrer qu’il n’est pas un perdant qui a été abandonné par sa mère et qui vit avec un père impassible et imperméable ».
Le défi est de taille et les embûches sont nombreuses. Mais « espérer ne coûte rien… espérer donne des ailes. » Avec ce roman à la fois touchant et rigolo, Andrée Poulin réussit à conjuguer le verbe s’entraider à tous les temps. Et avec brio!