Jusqu’au dimanche 5 août, les projecteurs du monde entier sont braqués sur Welland. 68 équipes représentant 26 nations se disputent l’or mondial en canoë-polo dans le bassin du Welland International Flatwater Centre (WIFC).

La compétition s’annonce très serrée entre les nations dominantes. Chez les hommes, l’équipe de France, triple championne du monde et d’Europe, tentera de détrôner les Italiens détenteurs du titre et de déjouer le piège espagnol, actuelle meilleure nation européenne. Pays le plus titré avec huit médailles d’or aux championnats du monde, l’Allemagne, auteur d’un doublet hommes-femmes aux derniers Jeux mondiaux (équivalent des JO pour les disciplines non olympiques), sera aussi un sérieux prétendant.

Pour retrouver la plus haute marche du podium mondial conquise en 2014, les tricolores peuvent compter sur une équipe solide bâtie sur des individualités et une force collective profondément remaniée. « On a tiré les conséquences de nos contreperformances l’année dernière en changeant la moitié de l’équipe pour insuffler une nouvelle dynamique, confie l’entraîneur des séniors hommes Romain Laporte, selon qui le statut de favori ne fait peser aucune pression. On vient pour gagner sur les quatre tableaux. »

L’écart entre les nations reste cependant ténu. Dans ce sport d’intensité où le ballon se joue à la main comme avec la rame, dans des temps de jeu très courts (deux fois 10 minutes), un seul faux pas lors des éliminatoires et tout s’écroule. « C’est un mélange de handball, de basket et de waterpolo, à la différence que dans les phases d’attaque, le gardien monte et crée un décalage, une supériorité numérique », analyse Bertrand Daille, chef d’équipe. « Cela exige des efforts répétés, une rapidité d’exécution et un degré de lucidité sans faille dans l’enchaînement. À ce stade, la victoire se joue sur les détails. »

Hôte pour la deuxième fois de son histoire (après Edmonton en 2008), le Canada espère de son côté tirer partie d’un terrain qu’il connaît bien face à des équipes tributaires du décalage horaire. Les équipes féminines (séniors et moins de 21 ans), plus particulièrement, visent un top 12. « La victoire va se jouer entre cinq grandes équipes, l’Allemagne, la Nouvelle-Zélande, puis l’Angleterre, la France et l’Italie. Derrière, il y un écart de niveau considérable », décrypte Julie Brisson. La joueuse québécoise décrit une équipe nationale expérimentée et soudée : « On se connaît toutes très bien. On est capable de jouer à tous les postes avec des sprinteuses rapides sur l’eau et des slalomeuses capables de trouver des ouvertures. Ce qui nous manque pour progresser et rivaliser avec les Européennes, ce sont les compétitions internationales. En Europe, il y a une compétition à chaque fin de semaine. En Amérique du Nord, c’est une par mois. » L’athlète pointe une autre carence : la ferveur populaire autour du canoë-polo au Canada n’est pas au rendez-vous. « C’est un sport très peu médiatisé. On essaie de changer ça en l’intégrant progressivement dans les cours d’éducation physique à l’école, en créant de nouveaux clubs et en construisant des infrastructures comme celle de Welland. »

Avec l’organisation de cette cinquième grande compétition internationale, gage de retombées économiques, la région du Niagara, déjà hôte des championnats du monde de natation en eau libre juniors en 2012, de canoë-kayak junior en 2013, de bateau-dragon et des championnats panaméricains de canoë-kayak en 2015, s’impose comme un centre de premier rang pour la pratique du canoë, du kayak et de l’aviron.

« C’est la première fois que le WIFC accueille cette épreuve car elle n’a lieu que tous les deux ans et, avec une trentaine d’événements chaque année, on est très sollicité », confie Erin Carl, le coordinateur de l’événement. Le centre dispose de bassins à vitesse variable aux normes internationales où les athlètes peuvent s’entraîner toute l’année. Pour cette compétition, des bassins spéciaux ont été créés, placés à courte distance du public qui peut admirer des parties âprement disputées, au cours desquelles il est fréquent de voir des embarcations passer les unes par dessus les autres ou des joueurs basculer sous l’eau avant de reprendre le contrôle de la partie.

Jusqu’au 5 août, Welland se jette à l’eau.