À Sofifran, la littérature francaise et les belles lettres sont désormais ancrées dans la programmation. Une fois de plus, des auteurs réunis par cet organisme de solidarité entre femmes immigrantes ont eu le bonheur, le samedi 1er octobre dans l’une des salles du First Ontario Performing Arts Centre à St. Catharines, de lire leurs œuvres devant un parterre d’amoureux de la langue de Molière.

En ce temps d’automne, où la verdure devient jaunâtre avant de disparaître pour ne pas offusquer l’hiver, la rencontre littéraire du jour avait pour titre « Textes d’hiver ».
Il y avait côte à côte Paul Savoie et Catherine Parayre avec leur roman Les têtes fracassées, Gabriel Osson avec ses poèmes impérissables, Fété Kimpiobi dans un extrait autobiographique, Nafée Faigou avec ses poèmes également, Ariane M Matte dans sa nouvelle À l’air et Khity Dumoulin Jacquel avec ses nouvelles sur la rentrée des classes et les vendanges.

Tous ces textes, d’une beauté et d’un rythme exquis, étaient merveilleusement lus par leurs auteurs accompagnés, en sourdine, par des sons du kora, instrument de musique traditionnel venu du Burkina Faso, exécutés avec hardiesse par Amadou Kienou.
On ne voyait pas le temps passer tellement c’était beau et captivant à la fois. Balançant entre le comique, le drame, l’érotique sans être vulgaire avec la belle poitrine d’Hectorine (personnage peint par Ariane), ou la mélancolie mêlée de stoïcisme d’une dame, habituellement forte, désormais à l’épreuve du veuvage avec la perte de son Clément.

Dans un style incisif truffé d’humour croustillant, qui ne l’empêche pas de se moquer d’elle-même ou de prêter des répliques ou blagues posthumes au défunt, Fété a eu le courage de revisiter, avec un autre regard et au travers de la force des mots, l’une des pages noire de sa vie de femme, de compagne et de mère de famille.

Donat M’Baya