Le 2 décembre dernier a été une journée assez chargée pour Denis Vaillancourt, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). M. Vaillancourt parcourt la province depuis quelques semaines pour rencontrer, région après région, les représentants du milieu communautaire de langue française. C’est la raison pour laquelle il était de passage à Welland en matinée puis à Cambridge en après-midi pour, ici comme ailleurs, présenter le Plan stratégique communautaire de l’AFO et prendre le pouls de l’opinion publique.

Ce document a pour objectif de rassembler les francophones de l’Ontario autour d’une vision commune et plurisectorielle, afin d’assurer la vitalité de leurs communautés et de faire du français un élément essentiel de la société civile. Dans chaque communauté qu’ils visitent, M. Vaillancourt et Peter Hominuk, directeur général de l’AFO, y expliquent le plan et recueillent les commentaires, idées et impressions de leurs interlocuteurs.

À Welland, une douzaine de résidents de la région du Niagara et de Hamilton ont rencontré les deux représentants de l’AFO. Sans que l’on puisse réellement parler de délégués, il n’en demeure pas moins que la majorité d’entre eux étaient des gens connus de la communauté, et associés à un organisme. La garderie La Boîte à Soleil, l’ABC communautaire, CERF Niagara, Sofifran, le Collège Boréal et d’autres avaient ainsi quelqu’un sur place pour partager leur
expérience.

À Cambridge, M. Vaillancourt s’est dit agréablement surpris du nombre de participants. Au total, 16 personnes, non seulement de Cambridge, mais aussi de Guelph, Waterloo et Kitchener, avaient fait le déplacement pour prendre connaissance du plan et pour exprimer leurs opinions. Divers organismes étaient représentés dont l’AFKW, l’Entité 2, le Centre communautaire francophone et le Cercle des aînés de Cambridge.

En quoi consistait donc cet atelier-conférence auquel tout un chacun a participé? En premier lieu, Denis Vaillancourt y a détaillé les tenants et aboutissants du plan stratégique. Il a débuté sa présentation en rappelant que, pour promouvoir de façon durable la langue française, il est nécessaire de recourir à la majorité anglophone en lui faisant comprendre que le français constitue aussi pour elle une part de son héritage. « Nous sommes dans un pays avec deux langues officielles. Les deux nous appartiennent. La majorité doit se responsabiliser. » M. Vaillancourt a ensuite fait un bref historique de l’AFO et souligné que l’organisme ne se cantonne pas seulement au militantisme, mais est désormais reconnu pour l’utilité de son expertise. « Le gouvernement nous appelle, maintenant, pour nous consulter », a-t-il indiqué.
Puis, le président de l’AFO s’est attelé à l’explication du plan stratégique communautaire. Celui-ci s’articule sur cinq axes : Notre langue, notre culture; Nos espaces; Nos droits, notre légitimité; Notre contribution; Notre leadership. « On a consulté environ 800 francophones pour en arriver à des thèmes rassembleurs, a relaté M. Vaillancourt. C’est une toile de fond pour inspirer notre action communautaire. » À la fois outil de concertation et de mobilisation, chaque axe se fixe un but et une vision d’avenir et est accompagné d’un ensemble d’actions prioritaires et de pistes d’actions.

Le plan peut aussi servir, dans une communauté, à identifier des initiatives qui s’apparentent à l’un ou l’autre des axes pour ensuite déterminer ce qui manque, ce qui peut être fait ou amélioré et par qui. C’est à cet exercice que les groupes de francophones de Welland et de Cambridge se sont adonnés. Divisés en petites équipes, ils ont discuté des atouts dont disposent leurs communautés respectives et des faiblesses à corriger.

C’était très positif, très bien reçu », estime Gerry Côté de CERF Niagara. L’exercice a permis, selon M. Côté, de dégager la nécessité d’être proactif et de faire preuve de leadership

Pour ce qui est des avantages dont disposent les francophones du Niagara, Normand Savoie, de l’ABC Communautaire de Welland, considère que les diverses caractéristiques relevées par les participants reflètent leur force dans la région. Leur nombre et leur présence de longue date les rendent incontournables dans la dynamique locale. « La grande faiblesse, c’est qu’il manque une tête dirigeante », relève cependant M. Savoie.

Parmi les points qui sont revenus à quelques reprises dans les commentaires des participants à Cambridge figurait la nécessité d’améliorer la communication, tant entre organismes qu’avec les médias. Parmi les atouts de la région, quelques-uns ont souligné le nombre important d’activités en français qui y sont organisées. Yves Beretta, bénévole auprès de l’AFKW et qui, à l’AFO, représente la région du Centre, a pris la parole notamment pour évoquer un important dossier en cours : celui de la désignation de la région. « Ça fait maintenant quatre ou cinq ans qu’on ne lâche pas », a-t-il résumé.

Ayant adopté le Plan stratégique communautaire en 2011, l’AFO se donne jusqu’à l’horizon 2016 pour en réaliser les objectifs. « Le défi pour tous, c’est l’engagement personnel », souligne Denis Vaillancourt.

Photo : De gauche à droite : Yves Beretta, Denis Vaillancourt et Peter Hominuk