Il fut une époque où l’on était non pas pharmacien mais apothicaire et où la fiabilité de la plupart des médicaments était, au mieux, approximative. Lorsque déambulant sur la rue Queen, à Niagara-on-the-Lake, le visiteur entre dans cette boutique d’autrefois où, de 1869 à 1964, on dispensait onguents, pilules et lotions de toutes sortes, il saisit mieux la distance phénoménale qui sépare la médecine d’aujourd’hui de celle d’autrefois. Bienvenue à la Niagara Apothecary, où chacun peut trouver le remède miracle qu’il recherche.
Il n’était que naturel qu’un musée de la pharmacie soit aménagé dans un bâtiment où des générations de pharmaciens ont commercé avec des générations de clients. Propriété de la Fondation du patrimoine ontarien, aménagé avec le soutien de l’Ordre des pharmaciens de l’Ontario, le musée consiste en une collection d’objets hétéroclites illustrant ce qu’était cette profession au XIXe siècle. Anciens contenants, vieilles réclames publicitaires, antiques instruments de mesure, etc., un peu de tout a été entassé derrière les vitrines et sur les tablettes. C’est dans les détails que se trouve en bonne partie l’intérêt de cette exposition, en lisant les explications ou, mieux encore, les étiquettes des produits présentés.
Il convient cependant de remarquer que ce n’est pas en 1869 qu’une première pharmacie a ouvert ses portes à Niagara-on-the-Lake. Dès 1820, il est attesté qu’un dénommé Rodman Starkwather y faisait déjà commerce de médicaments, quoiqu’il est probable que sa boutique s’apparentait davantage à un magasin général. En 1833, Starkwather vendit sa pharmacie à James Harvey. Plusieurs artéfacts qui se trouvent aujourd’hui dans le musée furent la propriété de Harvey qui décéda subitement en 1851. Son apprenti, Henry Paffard, lui succéda et c’est lui qui déménagea le commerce dans le bâtiment où se trouve le musée. Les décorations et le mobilier ont été acquis à cette époque.
En 1898, la pharmacie changeait encore une fois de main. John Randall en devenait propriétaire et, jusqu’à sa mort en 1914, s’illustra dans sa communauté comme pharmacien et homme politique. Son successeur, Arthur James Coyne, ne fut propriétaire du commerce que pendant huit ans mais eut une carrière professionnelle autrement plus longue. Lorsque M. Coyne assista à l’ouverture du musée en 1971, il était toujours, à 85 ans, pharmacien à St. Catharines. Le dernier propriétaire, Erland William Field, un vétéran de la Première Guerre mondiale, dut fermer boutique en 1964 pour des raisons de santé. Il décéda l’année suivante. Entretemps, il avait eu le temps de se mettre en contact avec l’Ordre des pharmaciens de l’Ontario pour assurer la préservation de ce bâtiment unique.
Depuis le 8 mai et jusqu’au 7 septembre, les promeneurs ont l’occasion de s’arrêter quelques instants dans ce petit musée pour y voir une facette méconnue du passé. Située au cœur de Niagara-on-the-Lake, la Niagara Apothecary fait corps avec le quartier historique de cette petite ville qu’il est toujours agréable de visiter.