Dans l’océan anglophone du Sud-Ouest ontarien, les arts francophones luttent contre vents et marées, guidés depuis 1971 par le Centre français Hamilton, qu’il faut désormais s’habituer à appeler le Centre francophone Hamilton. Ce phare communautaire braque son projecteur sur de nombreux artistes, particulièrement depuis 2015 avec le FrancoFest, devenu en seulement trois ans une référence culturelle régionale.

Au sortir d’une année 2016 compliquée financièrement, l’organisme a connu un exercice 2016-2017 bien rempli en termes de spectacles, club de lecture, camp d’été et autres concerts, rassemblant 6650 spectateurs et 87 jeunes. « On voulait à la fois offrir une belle programmation et avoir un festival à la hauteur des attentes de la communauté », a déclaré la directrice générale Lisa Breton, lors de l’assemblée générale annuelle (AGA) du Centre, le mardi 13 février.

« Nous étions dans l’incertitude. Ce n’était alors que la deuxième édition du Francofest et nous ne savions pas si les gens allaient revenir. À notre grande surprise, ce fut le cas. Le festival a même pris de l’ampleur. À tel point que cela a dépassé nos capacités administratives, dit-elle, comparant la situation culturelle francophone à une course d’orientation. Les organismes continuaient à courir et nous, il a fallu s’arrêter et regarder la boussole pour savoir où on allait, si tout ça s’alignait avec notre mandat. »

Selon Lisa Breton, la réussite des projets est liée à l’action conjointe des organismes communautaires.

L’équipe du Centre francophone Hamilton s’est donc ajustée dans un paysage culturel et budgétaire tendu. Alors que de nombreux centres culturels ont fermé leurs portes ou se sont concentrés sur les services de garde d’enfants pour conserver des revenus suffisants, l’organisme – fort du soutien de 150 bénévoles – a réévalué son positionnement pour continuer à diffuser une offre culturelle consistante sans se mettre dans le rouge.

Le Centre a dû trouver des idées, des solutions, convaincre de nouveaux partenaires. « Aujourd’hui on est capable de parler avec les bailleurs de fonds, confirme Anne Tennier, élue présidente lors de l’AGA. Ils comprennent la situation et notre impact. On commence à être sur les radars grâce à un intense travail de réseautage au niveau des instances politiques et des bailleurs de fonds. »

Cela se concrétise à la fois dans la hausse de financement et la reconnaissance communautaire. Récipiendaire du prix Vision Innovation décerné par Rideau/Réseau Ontario et le prix employé de l’année attribué par La Cité, le Centre est régulièrement sollicité pour élaborer des rapports et développer des projets.

Partenariats, jeune public et FrancoFest au coeur de la réflexion lors de l’assemblée générale annuelle

Reste à gagner du terrain sur le plan municipal. Hamilton ne participe qu’à hauteur de 5 % des financements de l’organisme (contre 30 % pour le gouvernement fédéral, 20% pour le provincial et 15 % pour les fondations). Le soutien des quatre composantes représente 322 000 $ (pour un revenu total de 611 524 $ à l’équilibre). Les choses sont néanmoins en train de changer comme en témoigne le soutien de la Ville au volet francophone du WinterFest dont le point culminant a été la soirée FrenchKiss, le mardi 15 février, avec les participations de Moonfruits, du R 1er, ainsi que d’Amélie et les Singles bleus.

L’AGA a été l’occasion de remercier chaleureusement les directeurs sortants Philippe Gagnon, Annick Ménard et Bernard Dubois, tandis que Clarence Seunarine rejoint le Conseil d’administration au côté d’Anne Tennier (présidente), Joël Forget (vice-président), Christine Rees (secrétaire), Mouna Bile et Raymond Therrien dans une année qui sera consacrée à consolider le festival et élaborer un nouveau plan stratégique pour continuer à faire rayonner les arts et la culture francophones.

Anne Tennier, la nouvelle présidente

Photo (couverture) : de gauche à droite : Christine Rees, Clarence Seunarine, Anne Tennier, Raymond Therrien et Joël Forget en compagnie de la directrice générale Lisa Breton (assise).