(P.T.) Le Centre Français Hamilton sait faire voyager ses membres et la communauté d’un registre à l’autre, d’une culture à l’autre, d’une époque à l’autre. Troisième spectacle au programme de cette année, la chorale Musikay a ainsi invité son auditoire à faire connaissance avec la Renaissance française.

C’est le 25 octobre dernier, entre les murs de la Grace Lutheran Church, que le public a pu apprécier la virtuosité de ce choeur sous la direction du maestro Stéphane Potvin. Le nom de cette formation, imaginé par M. Potvin qui souhaitait quelque chose d’original, est une contraction entre « musique » et « Dufay ». Guillaume Dufay était un compositeur renommé au XVe siècle. C’est dire combien les œuvres de la Renaissance font partie intégrante et constante du travail de ce directeur de chorale.

Le concert présenté par le Centre français était divisé en trois parties. Les pièces étaient chantées pour l’essentiel a cappella mais il y eu également quelques interludes instrumentaux. Russell Sweeney, ténor, Caroline Olsen, soprano, Geoff Ball, basse, Patricia Warnock, alto et Paul Hawkins, basse, ont d’abord interprété des airs de musique sacrée en latin et en français de l’époque. Le public pouvait comprendre plus aisément grâce aux paroles incluses dans le programme remis à l’entrée. 

S’agissant d’une chorale professionnelle, c’est avec virtuosité que ces artistes ont fait de leurs voix un véritable orchestre, usant de leur tonalité respective comme d’autant d’instruments et donnant un maximum de relief à ces dialogues chantés.

Les deux autres parties étaient dans la même veine. Musikay a enchaîné avec quelques chansons populaires de la Renaissance. Cette musique légère, parfois humoristique, voire grivoise considérant les critères du temps, fut suivie par la dernière partie constituée de mélodies sur le thème de l’amour, de la volupté. Encore une fois, le ton sarcastique, caustique de certaines ne manquait pas de surprendre. 

Il ne faut cependant pas considérer le profane et le sacré comme étant parfaitement cloisonnés au plan musical. « Les deux mondes se touchaient très souvent », commente Stéphane Potvin. Il y a cinq siècles, la musique religieuse était parfois inspirée par la chanson populaire et vice-versa. 

C’est un des aspects de la culture de la Renaissance que les spectateurs ont pu comprendre et apprécier au cours de ce concert émaillé d’explications sur l’histoire et la musique. Mais loin d’être trop professoral et didactique, cet après-midi passé à côtoyer un répertoire méconnu pour la masse des gens était au contraire des plus conviviaux et sympathiques.

 

Photo: Stéphane Potvin et ses acolytes lors du concert