La « grande parade » de St. Catharines est un moment très attendu par le public du Festival du raisin et du vin qui met à l’honneur, chaque année, l’industrie viticole du Niagara.
Le samedi 23 septembre, sur les balcons, le pas des immeubles et les trottoirs du centre-ville, une foule nombreuse est venue acclamer, fidèle à la tradition, les participants au défilé de plusieurs dizaines de chars allégoriques et d’une multitude de fanfares. Au sein de l’immense cortège bruyant et coloré composé d’associations culturelles, d’écoles, d’entreprises et de clubs sportifs, un convoi tonitruant attire l’attention.
Assise à l’arrière d’une Ford Ranchero des années 1950 d’un rouge éclatant, l’ambassadrice de la communauté francophone du Niagara, Milana Thibodeau- Morris, agite inlassablement la main, saluant la foule massée de part et d’autre de la rue James. « Je travaille mon lever de bras, plaisante-t-elle dans sa robe bleue, réajustant son écharpe distinctive du Club LaSalle en bandoulière. Je suis très fière d’être ici et de représenter la francophonie », dit-elle. Devant l’hôtel de ville, depuis le podium officiel, le présentateur annonce au micro, le passage des représentants francophones.
Précédant la voiture de collection, déguisés en joueurs de hockey qui ont fait la légende des Canadiens de Montréal, trois élèves de l’École secondaire catholique Jean-Vanier de Welland jouent aux doublures de Richard, Lafleur et Béliveau, récoltant quelques railleries malicieuses de supporters torontois. Les « Go Leafs go! Go Leafs go! » sont bientôt balayés par le rock’n’roll électrique de l’orchestre de l’école. Tracté par le pick-up du directeur adjoint Jérôme Veillette, un attelage vert et blanc aménagé en scène de concert ambulante propage un son rebelle en français comme en anglais. La chanteuse Amilia Wilson s’agrippe au micro, portée par les applaudissements et des musiciens insensibles aux ballottements du transport.
« Nous participons au festival depuis 17 ans. Notre char allégorique a été fabriqué par des élèves de 10e et 11e année. Défiler ici et montrer les couleurs franco-ontariennes est important, raconte Jean Chartrand, sous une perruque brune ondulée. L’ancien directeur de l’école a revêtu des guêtres du XVIIe siècle pour se métamorphoser en Samuel de Champlain, accompagné d’un Marcel St-Onge tout aussi convaincant en Jos Montferrand, le bûcheron légendaire de l’Outaouais.
L’ancien et l’actuel directeur de Jean-Vanier escorteront le joyeux convoi jusqu’aux abords du parc Montebello, coeur du festival. La petite délégation a ainsi fait honneur au thème de cette 66e édition Fier, fort et libre, qui coïncide avec le 150e anniversaire de la Confédération canadienne, dont les Canadiens français constituent une communauté fondatrice.