En juin, la Ville de Hamilton passait le cap des 175 ans. Il est beaucoup question d’histoire par les temps qui courent, mais cette page du passé n’est décidément pas apparue sur le radar de bien du monde. Il est vrai que la crainte des autorités publiques quant aux éclosions du coronavirus n’aurait pas facilité l’organisation d’un événement d’envergure de sorte que les célébrations et activités se sont faites – et continueront de se faire – assez discrètes.

Tout de même, rien n’empêche de se pencher de son propre chef sur l’histoire de cette ville archétypique de l’Ontario.

Il est à noter, pour commencer, que ce 175e anniversaire souligne l’incorporation de la ville. Il y avait bien entendu une communauté y était déjà établie qui elle-même était précédée des Iroquois, dernière nation autochtone à avoir assis son autorité sur ce territoire avant l’arrivée des Européens. Qui plus est, bon nombre d’Iroquois (les Mohawks d’aujourd’hui), demeurés loyaux à leur alliance avec la couronne britannique, s’établiront dans la région dans la foulée de la Révolution américaine.

Un autre groupe traversera aussi la frontière au même moment : les Loyalistes. Ceux-ci, là comme en plusieurs autres endroits au Canada, vont constituer le substrat d’une population anglo-saxonne appelée à grandir.

À cette époque, cette région du Haut-Canada se composait essentiellement de communautés éparses qui n’étaient pas constituées en municipalités en bonne et due forme. Il a fallu un vétéran de la Guerre de 1812 du nom de George Hamilton pour que soient posées les bases qui permettront de pérenniser la ville.

Ses nombreux contacts dans les milieux politique et commercial, combinés à sa connaissance du territoire et – il faut bien le dire – à la promotion de ses propres intérêts, conduisirent le gouvernement à faire de ce village le chef-lieu du nouveau comté de Gore.

Avec désormais un palais de justice et une prison, auxquels s’ajouteront une police municipale en 1833, et un nombre croissant de rues carrossables bordées de maisons tel que voulu par George Hamilton, bien content de combiner les responsabilités de promoteur immobilier et d’urbaniste, la ville va peu à peu devenir un incontournable dans le Haut-Canada.

Hamilton ne vivra pas assez longtemps pour voir la ville qui porte son nom être officiellement incorporée, mais il assistera néanmoins aux prémices du développement du port et aux premières discussions portant sur un éventuel chemin de fer pouvant desservir la localité.

Immédiatement dans le sillage de George Hamilton, un autre homme tout aussi connu devait marquer l’histoire de la ville : Allan MacNab.

Pour bon nombre de résidents de Hamilton, MacNab évoque d’abord le célèbre château Dundurn qui fut sa résidence. Mais cet homme d’affaires prospère avait un autre destin qui l’attendait. Succédant à George Hamilton comme député de la circonscription de Wentworth qui englobait la ville, il entreprit une carrière politique qui devait le mener au poste de premier ministre du Canada-Uni de 1854 à 1856.

Nul besoin de préciser que cette ville industrielle en pleine croissance se trouvait, à la veille de la Confédération, on ne peut plus à son aise dans l’Empire britannique. Il serait fastidieux de passer en revue tous les événements ayant émaillé le dernier siècle et demi.

Retenons seulement quelques anecdotes rarement évoquées quant à ce qui s’est passé à Hamilton au cours des ans : création, en 1869, des Hamilton Tigers, l’équipe connue à présent sous le nom de Tiger Cats; création, en 1877, du premier service commercial de téléphone au Canada; incorporation de l’Université McMaster en 1887; élection, en 1906, d’Allan Studholme, premier député travailliste au parlement provincial; en 1910-1912, fondation des aciéries STELCO et Dofasco; inauguration en 1939 de l’autoroute QEW par le roi George VI et la reine mère Elizabeth; en 1956, ouverture de la première station d’essence Pioneer; etc.

Bref, tant en ce qui touche à la grande et à la petite histoire, Hamilton a résolument marqué les deux.