Le gouvernement de Doug Ford partage désormais une caractéristique avec celui, il y a plus de 20 ans, de Mike Harris : l’inimitié que lui vouent les syndicats. Le débrayage monstre des enseignants, le vendredi 21 février, fera date comme exemple archétypique de cette difficulté, pour les progressistes-conservateurs, de réformer les politiques publiques en fonction de leur conception du rôle de l’État.
C’est sans surprise, après des semaines de tergiversation, que 5000 écoles de l’Ontario ont fermé leurs portes pour une journée alors que 200 000 enseignants et employés de soutien ont manifesté, le plus souvent dans la bonne humeur, leur opposition aux intentions de Queen’s Park et des 72 conseils scolaires. Près de deux millions d’élèves ont alors eu droit à une journée de congé pour le moins problématique pour d’innombrables parents.
La taille moyenne des classes de la 9e à la 12e année (que le gouvernement veut faire passer de 22,5 à 25 élèves), la mise en place de deux cours en ligne au secondaire et l’imposition d’un plafond aux augmentations salariales annuelles (voulu à 1 % par Queen’s Park alors que les syndicats exigent 2 %) sont les principaux points en litige. Les enseignants, sans contrat de travail depuis le 31 août dernier, intensifient leurs moyens de pression et une autre journée de grève générale est ainsi loin d’être exclue.
Les quatre grands syndicats de l’éducation engagés dans ce mouvement de contestation sont l’Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens (AEFO), la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario, la Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l’Ontario et l’Ontario English Catholic Teachers’ Association. Les syndicats semblent avoir jusqu’à maintenant conservé l’appui d’une majorité de parents en évitant notamment de les prendre au dépourvu : la journée de débrayage avait ainsi été annoncée plusieurs jours en avance pour permettre aux familles de s’y préparer tant soit peu.
Depuis son élection, le parti progressiste-conservateur a reculé dans plusieurs dossiers face à l’impopularité de ses mesures. Les syndicats misent sans doute sur l’indignation populaire pour forcer la main du gouvernement, une tactique qui a réussi pour d’autres secteurs de la société. C’est d’autant plus le cas que la conjoncture est favorable aux enseignants : l’année scolaire a encore plusieurs mois devant elle alors que le gouvernement préfèrerait régler ce conflit avant le dépôt de son budget en mars.
Pour l’heure, les parents affectés peuvent demander au gouvernement une indemnité de 25 $ à 60 $ pour chaque journée de grève destinée à les aider à couvrir des frais de garde. L’AEFO prépare d’ailleurs une autre journée de débrayage pour jeudi le 27 février si les négociations n’achoppent pas avec le gouvernement.
PHOTO : À Hamilton, le Conseil scolaire Viamonde et le Conseil scolaire catholique MonAvenir ont manifesté conjointement au coin des rues Pearl et Main.