Le Musée des beaux-arts de Burlington est une institution étonnante. L’édifice, beaucoup plus vaste qu’il n’y paraît aux premiers abords, se distingue des musées conventionnels par l’animation qu’on y trouve.
En effet, huit studios offrent un espace de travail aux artistes de disciplines les plus diverses. Une boutique, de magnifiques petits jardins intérieurs et des programmes d’éducation pour tous les âges complètent le portrait contrasté de cette galerie qui mérite le détour.
Une quinzaine d’expositions y sont en montre chaque année, essentiellement centrées sur la céramique. D’ailleurs, les visiteurs peuvent présentement jeter un coup d’œil à une collection d’œuvres de céramistes québécois. Intitulée Quebec – A Different Drummer, l’exposition illustre avec quelques dizaines d’exemples un trait particulier de cet art dans la Belle Province.
Alors que le développement de la céramique, au Canada anglais, s’inspirait de traditions japonaises et britanniques, les Québécois travaillant dans ce créneau s’appuyaient plutôt sur des influences françaises de facture très moderne pour conférer une touche unique à leurs créations.
On trouve, dans cette exposition, des œuvres qui sauront plaire à tous par leur originalité, leur coloris et, parfois, leur humour. Les visiteurs rencontrent d’abord sur leur parcours un service à déjeuner conçu par Jeannot Blackburn dont les pièces s’apparentent à despoupées ou semblent ornées de froufrous. À quelques pas de là, plusieurs seront interloqués par la présence de ces deux sacs de papier derrière une vitrine mais, en s’approchant, ils se rendront compte qu’il s’agit en fait d’une œuvre en trompe-l’œil faite de porcelaine très fine et imaginée par Michel Harvey.
Dans une veine plus terre à terre, un service à dîner de Guy Simoneau se démarque par sa sobre distinction et la subtilité de ses formes alors qu’au contraire, en concevant ses tasses et ses soucoupes, Alain Bernard a fait fi de toutes considérations pratiques et s’est plutôt concentré sur l’extravagance des formes et des couleurs. De nombreuses œuvres de Richard Milette, Paul Mathieu, Léopold Foulem, etc., complètent l’exposition.
La céramique n’est peut-être pas « la tasse de thé » de tout le monde mais cette collection, en montre au Musée des beaux-arts de Burlington, vaut vraiment la peine d’être vue, tout comme, d’ailleurs, les autres expositions. Au passage, chacun pourra constater combien cette institution gagne à être mieux connue.
Philippe Thivierge