En juin 2016, l’organisme Sofifran entreprenait un projet bilingue destiné aux familles monoparentales du Niagara et dont l’objectif principal était d’améliorer les relations entre les parents et leurs enfants âgés de 6 à 12 ans.
Par le biais d’une série de rencontres et d’ateliers, chacun a l’occasion d’examiner ses habitudes et ses comportements, et de voir ce qui peut-être amélioré pour faciliter la vie au quotidien. Le programme se terminera en mars et, déjà, un bilan très positif peut en être tracé.
Ce sont, pour l’essentiel, des familles issues de l’immigration qui participent à ce projet qui a d’ailleurs été créé à leur demande. En effet, les pères et les mères qui doivent, seuls, s’occuper de leur enfant tout en cumulant les tâches domestiques et un emploi à temps plein vivent souvent sur la corde raide avec tout ce que cela implique pour la qualité de vie de leur famille. Mais cette situation est d’autant plus difficile à gérer pour les nouveaux arrivants dont les enfants, à cheval sur deux réalités culturelles, peuvent vivre des problèmes d’adaptation sociale. Ainsi, il est parfois plus difficile pour les immigrants de composer avec la transition de l’enfance à l’adolescence de leur fils ou de leur fille.
C’est pour mieux outiller les parents à faire face à ces défis et pour inculquer aux jeunes des comportements facilitant leurs relations avec les autres que Sofifran a approché le psychologue Eddy Michel. Celui-ci a alors créé six modules d’apprentissage, soit cinq pour les enfants et un pour les parents. La matière est présentée, en ce qui concerne les enfants, dans le cadre de rencontres qui ont lieu deux fois par mois pour chacun des groupes, l’un étant davantage francophone et l’autre anglophone. De leur côté, les parents se réunissent chaque semaine dans le cadre d’un groupe de discussion et de soutien.
Mais l’essentiel de l’initiative est néanmoins dirigé vers les jeunes. Un atelier typique dure deux heures et porte sur deux thématiques. Des sujets variés sont abordés : la ponctualité, gérer ses émotions, le sens des responsabilités, l’intimidation, etc.
« Ce sont les parents eux-mêmes, qui vivent ces problèmes à la maison, qui nous ont donné ces idées », explique Fatimetou Khouna qui, avec Nyarai Kapisavanhu, est l’une des deux animatrices des groupes jeunesse. D’autres intervenantes s’ajoutent parfois à l’équipe à titre bénévole, telle Jennifer Temple, qui a ainsi mis à contribution ses expériences d’enseignante lors de l’atelier du 21 janvier dernier. M. Michel participe aussi, notamment pour résumer certains concepts aux parents.
Peu importe l’attention que leur portent leurs parents, les jeunes se défient souvent de ce qu’ils disent. Mais se faire rappeler certains faits par un autre adulte et examiner avec des enfants de leur âge des attitudes propres à leur génération peuvent entraîner une fructueuse réflexion chez ces jeunes.
Grâce à des jeux, des saynètes, des visites organisées, des interventions faites par divers professionnels, des discussions de groupe et d’autres approches interactives et amusantes, les enfants comprennent mieux et améliorent leurs comportements en classe, à la maison et dans leur communauté en général. Les parents qui participent au projet le constatent et en apprécient le concept.
Une mère en témoigne : « Ce programme a vraiment aidé parce que ma fille, quand je lui parle, ça va mieux. Avant, ça n’allait pas entre nous, elle ne m’écoutait pas. Maintenant, elle est mieux organisée : je n’ai pas besoin de lui dire « tu dois faire ceci, tu dois faire cela ». Ça a vraiment aidé. » Une autre mère, anglophone cette fois, apprécie le fait que le programme soit bilingue et que les activités permettent à son enfant d’interagir avec les autres.
Eddy Michel a élaboré la matière présentée dans ce programme en fonction de son expertise et d’une enquête effectuée auprès des parents et portant sur les causes de l’anxiété et du stress vécus au sein de leur famille. Dans le cadre des activités, M. Michel peut prendre en charge les cas légers ou, au besoin, référer les familles à des services spécialisés de la région.
Ce programme pourrait d’ici peu porter ses fruits ailleurs puisque la directrice générale de Sofifran, Fété Kimpiobi, prévoit créer une brochure pour en détailler la matière et en illustrer les résultats. Cette expérience intéressante conduite par Sofifran pourrait ainsi être utile à d’autres organismes souhaitant la reproduire dans leur communauté.