Le lundi 26 octobre se tenait la portion francophone du Forum économique international des Amériques. L’événement, qui se tient habituellement à Toronto, était cette année accessible en ligne.

Après quelques mots d’introduction de Denis Laframboise, président de la Société économique de l’Ontario, et Catherine Tadros, cheffe de poste du Bureau du Québec à Toronto, la parole a été laissée aux nombreux panélistes.

Le premier thème abordé a été celui des femmes et de leur place dans l’économie de l’avenir. Les échanges, modérés par Caroline Codsi, présidente et fondatrice de l’organisme Gouvernance au féminin, portaient essentiellement sur la parité et l’accès des femmes aux postes d’influence.

Ainsi, Chiara Corazza, directrice de Women’s Forum for the Economy & Society, a mis l’accent sur l’importance d’interpeller les femmes pour maximiser l’utilisation des talents. Cette approche est essentielle pour résoudre les grands problèmes de notre époque. Mme Corazza a cité en exemple les questions environnementales, marquées au sceau de l’urgence. Les femmes veulent avoir un impact positif sur la société a rappelé la panéliste et, pour leur donner l’occasion de concrétiser cette ambition, il faut les inciter à étudier dans les domaines du futur.

Sabine Soumare, directrice des communications et du marketing au Portail de connaissances pour les femmes en entreprenariat, s’est quant à elle attardée au monde politique. En quelques statistiques, elle a illustré que l’égalité n’était pas atteinte même si l’écart a tendance à se resserrer. Mme Soumare a aussi évoqué les étoiles montantes de la politique que sont Leslyn Lewis du Parti conservateur et Annamie Paul du Parti vert, ce qui l’a amenée à évoquer les nuances relatives aux défis que doivent surmonter les femmes issues des minorités raciales.

De son côté, Horore Bebga Bell, ingénieure informatique et fondatrice de l’association African Women in Tech Startup, s’est dit chanceuse de l’éducation qu’elle a reçue et a axé son intervention sur les réalités africaines. Elle a longuement parlé de la nécessité de placer les fillettes dans des contextes qui leur permettent de se voir autrement et d’envisager une carrière non-traditionnelle.

Le deuxième panel était modéré par Dominic Mailloux, président du Club canadien de Toronto. C’est l’innovation qui était proposée comme sujet de discussion mais les propos des intervenants ont souvent abordé la question de la relance.

Ainsi, Étienne Alary, directeur général du Conseil de développement économique de l’Alberta, a évoqué la situation de sa province « avant et après COVID », tant en général qu’en ce qui touche à la communauté franco-albertaine.

Siham Chakrouni, conseillère en employabilité et entreprenariat à la Société économique de l’Ontario, et Jean-Philippe Galesne, agent principal du Conseil de la coopération de l’Ontario, ont parlé de leurs organismes respectifs. C’est surtout l’aide qu’ils peuvent apporter aux entreprises éprouvées par la présente crise qui a occupé leurs propos, notamment leur programme commun de réactivation des entreprises du sud de la province.

Le public pouvait poser des questions aux panélistes par l’entremise de Dominic Mailloux et des points assez techniques ont alors été soulevés.

Le troisième et dernier panel, dont la modératrice était Mariette Mulaire, présidente-directrice générale du World Trade Centre à Winnipeg, portait sur la francophonie économique nationale et internationale. Quatre personnalités de marque ont été réunies pour partager leur expertise sur ce thème.

Henri Eli Monceau, directeur spécialisé dans l’économique et le numérique à l’Organisation internationale de la francophonie, a fait état de l’évolution des approches au cours des 50 dernières années. Avant, la Francophonie se voyait surtout comme un espace culturel alors que maintenant, la dimension économique prend de plus en plus de place. Or, malgré les volontés en ce sens, il n’est pas facile de concilier les intérêts économiques de pays aussi différents qui évoluent d’abord en fonction de leur région d’appartenance.

La sénatrice Lucie Moncion a quant à elle évoqué les recommandations faites au gouvernement fédéral en matière de modernisation de la Loi sur les langues officielles. Immigration, ayants-droit, construction identitaire, etc. : tous des facteurs qui peuvent renforcir la francophonie canadienne et son espace économique.

Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones, estime de son côté que son rôle en est un de promotion en ce sens qu’il lui faut mettre en valeur les forces de la francophonie. Mettre en contact les acteurs économiques francophones, particulièrement en cette année difficile, fait aussi partie de ses responsabilités. C’est pourquoi son Ministère a mis sur pied un Réseau économique francophone, une initiative qu’elle a rappelée à l’attention du public.

Dernière mais non la moindre, Sonia LeBel, ministre québécoise des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, a débuté son intervention en expliquant que la vitalité du français ne passe pas uniquement par la langue seule mais aussi par la culture. Or, la culture est en soi un secteur économique. En ce qui concerne le gouvernement du Québec, il est de son devoir d’être un leader en matière de promotion de la francophonie et de mettre en contact les entrepreneurs de langue française.

D’autres questions ont été abordées qui étaient toutes plus fascinantes les unes que les autres. C’est d’ailleurs là l’intérêt de ce forum annuel qui n’a pas manqué de générer la curiosité du milieu économique.

PHOTO – Le panel sur l’innovation. Haut: Dominic Mailloux et Étienne Alary; bas: Siham Chakrouni et Jean-Philippe Galesne.