La santé est un sujet récurrent des campagnes électorales et ce thème est étroitement associé aux hôpitaux, aux chirurgies, au débordement des urgences, aux médecins de famille, etc., bref, à tout ce qui touche à la santé du corps. Mais qu’en est-il de la santé mentale? C’est pour faire connaître la position des principaux partis fédéraux sur cette question rarement abordée en politique que l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) a organisé, le 10 septembre, un panel virtuel permettant à chaque formation de s’exprimer.
Après quelques mots de bienvenue de Margaret Eaton, cheffe de la direction nationale de l’ACSM, le journaliste André Picard a pris le relais pour poser des questions aux cinq politiciens en campagne. Il s’agissait de Patty Hajdu, représentant le parti Libéral, de Todd Doherty, pour le parti Conservateur, de Don Davies, candidat pour le Nouveau Parti Démocratique, de Luc Thériault, pour le Bloc québécois, et de Jennifer Purdy, représentant le parti Vert. La formule employée pour le panel ne consistait pas en un débat ou en des échanges mais en un temps de parole alloué à chaque invité pour répondre aux questions de l’animateur.
André Picard a d’abord convié les politiciens à expliquer ce que leur parti ferait pour solutionner la crise de consommation d’opioïdes.
La candidate libérale, le candidat néo-démocrate et le candidat conservateur se sont rejoints, avec quelques nuances, dans leur volonté d’investir massivement pour aider ceux qui sont aux prises avec une dépendance. Les représentants du Bloc québécois et du parti Vert ont de leur côté mis de l’avant la dimension judiciaire de la question, arguant que la déjudiciarisation ou la décriminalisation pour possession simple de drogue devrait être couplée à un accompagnement médical.
Autre question du journaliste : puisque l’accès au logement est une condition essentielle pour être en santé, en particulier lorsqu’il s’agit de logements supervisés pour ceux qui ont des besoins spéciaux, que ferait chacun des partis à ce chapitre?
M. Davies a préconisé la conversion temporaire d’hôtels et de motels en service d’hébergement d’urgence. Mme Purdy a inscrit la question du logement dans un spectre plus large d’accessibilité aux médicaments et autres soins. M. Thériault a suggéré la création d’un fonds d’acquisition qui permettrait aux organismes sans but lucratif et aux coopératives de logement d’acquérir des propriétés sur le marché privé.
Sur cette question, Mme Hajdu a accusé les conservateurs de favoriser les propriétaires immobiliers, ce à quoi M. Doherty a rétorqué que les politiques de son parti mèneront à la création d’un million d’unités de logement.
Patty Hajdu a d’ailleurs été la seule à passer à l’offensive de temps à autre pour contraster le programme du parti Libéral avec celui du parti Conservateur, règle générale pour souligner que sa formation entend investir davantage que sa principale rivale. Luc Thériault, sans grande surprise, s’est attardé plus que les autres sur les transferts fédéraux et sur le respect des compétences provinciales. Todd Doherty a mis en relief les problèmes récurrents et ceux qui se sont empirés récemment, telle la consommation de drogues. Jennifer Purdy a évoqué le besoin d’une stratégie nationale de prévention du suicide. Don Davies a rappelé la diversité des groupes socioculturelles qui ont chacun leurs besoins particuliers.
La santé mentale des Autochtones constituait sans doute un sujet inévitable. En tout cas, André Picard a jugé bon de questionner les représentants de partis à ce propos. Écarter les solutions gouvernementales qui s’appliqueraient de manière uniforme au profit d’une décentralisation engageant les Premières nations a fait l’unanimité. S’appuyer sur les recommandations de la Commission Viens au Québec ou de la Commission de vérité et réconciliation à l’échelle du pays a aussi été mis de l’avant.
Le panel s’est conclu sur la prévention du suicide avant de passer aux services en santé mentale en région rurale ou éloignée. Les réponses des candidats se sont avérées plus originales et intéressantes quant à cette deuxième question qui n’était pas sans lien avec la première. En effet, la dimension communautaire de la prévention du suicide et la nécessité de la modeler sur les sensibilités locales rejoignaient les réalités vécues dans les petites communautés. Les changements démographiques, le manque de financement pour les organismes locaux, la difficulté de maintenir un caractère privé aux interventions psychosociales dans les villages où tout le monde se connait, etc. : voilà quelques-uns des facteurs qui influencent la prévention du suicide pour laquelle chacun des partis avaient ses différences à exposer.
Les élections auront lieu le lundi 20 septembre. Encore quelques jours, donc, de promesses à faire miroiter aux yeux de l’électorat.
PHOTO: André Picard, journaliste et facilitateur des échanges