La peur des aiguilles fait partie des facteurs qui pourraient empêcher certaines personnes de se faire vacciner contre la COVID-19, et il est important de s’attaquer au problème alors qu’il est nécessaire de faire vacciner autant de personnes que possible, explique une experte.
« Il est assez bien documenté que vous n’avez pas besoin d’avoir une phobie pour vous empêcher de participer à des procédures comme la vaccination », a noté la Dre Anna Taddio, professeure à la faculté de pharmacie Leslie Dan de l’Université de Toronto. Une simple peur sera un obstacle supplémentaire pour que vous soyez à l’aise avec la vaccination. »
Un programme de vaccination de masse pour protéger les Canadiens contre la COVID-19 a débuté à la fin du mois de décembre, et bien que les responsables aient répondu aux préoccupations concernant la sécurité des vaccins, certaines personnes souffrent d’une peur ou d’une phobie des aiguilles et non du vaccin lui-même.
Le Dr Daniel Chorney, un psychologue qui vit à Halifax, dit avoir développé une phobie des injections intraveineuses à la fin de la vingtaine et au début de la trentaine.
Le Dr Chorney souffre d’hémophilie, ce qui l’oblige à recevoir des injections intraveineuses pour aider son sang à coaguler s’il est blessé.
« Donc, il y a quelques années, j’ai reçu une injection et je me suis évanoui, a-t-il raconté. Et lorsque j’y suis retourné, la fois suivante, pour recevoir la même injection, j’ai eu la même réaction. »
Il a enduré sa phobie pendant un an ou deux avant de se faire traiter par son équipe soignante.
La vue du sang ou d’une aiguille dans sa veine le rendait malade et anxieux, le faisant s’évanouir.
« Je suis psychologue, je sais qu’il existe un traitement efficace, a déclaré le Dr Chorney. Pendant trois ans, j’ai détourné le regard. J’ai pu surmonter ma peur, mais ce fut assez difficile. »
La peur des aiguilles est un terme large, qui comprend le prélèvement de sang, les procédures intraveineuses et la vaccination, a-t-il précisé.
La Dre Katie Birnie, professeure adjointe au département d’anesthésiologie et de médecine périopératoire et analgésique à l’Université de Calgary, a déclaré qu’il était important de faire la distinction entre la peur des aiguilles et la phobie.
Certaines personnes ont peur des aiguilles, mais elles les tolèrent, a-t-elle déclaré, mais jusqu’à 10 % de la population a une phobie des aiguilles, qui est un problème de santé mentale.
Les personnes atteintes de phobie éviteront à tout prix les aiguilles, a-t-elle souligné.
« Ils évitent les soins de santé parce que leur peur des aiguilles est si grande qu’ils peuvent avoir une crise de panique ou d’autres types de réactions d’anxiété très extrêmes à la simple pensée d’une aiguille. »
La Dre Taddio a déclaré qu’il existe différentes façons de lutter contre la peur de la douleur causée par une aiguille, notamment l’utilisation d’une crème anesthésiante, s’asseoir dans une position confortable et même utiliser un langage apaisant avant la procédure.
Mais la phobie nécessite l’aide d’un expert en santé mentale.
La peur et la phobie des aiguilles sont une « barrière silencieuse » qui affecte non seulement la vaccination, mais d’autres maladies chroniques, a-t-elle ajouté.
La peur des aiguilles touche les personnes de tous âges, a-t-elle noté, et elle commence souvent dans l’enfance après une expérience négative.
La Dre Taddio a indiqué que des photos de personnes vaccinées peuvent également avoir des effets sur les personnes souffrant de phobie et que les photos utilisées dans les médias peuvent influencer la décision de se faire vacciner.
« Vous savez comment les gens prennent des décisions sur la façon de se faire vacciner? C’est très complexe, non?, a-t-elle lancé. Ce n’est pas linéaire. Ce n’est pas mathématique. C’est émotionnel. Nous prenons nos décisions en fonction de ce que nous ressentons. Et donc même une légère peur des aiguilles peut suffire à faire en sorte que quelqu’un ne veuille pas être vacciné. Tout cela contribuera au processus décisionnel. »
SOURCE – Hina Alam, La Presse canadienne