Dans une région où les services en français se comptent sur les doigts de la main, il est vital pour une association francophone de pouvoir s’appuyer sur des chevilles ouvrières efficaces, créatives et dynamiques.
Coordonnatrice de l’Association des francophones de Kitchener-Waterloo (AFKW) durant dix ans, Nathalie Bouchard a fait partie de cette catégorie si précieuse en milieu minoritaire qui rend une communauté à la fois visible et crédible.
C’est donc tout naturellement que les membres de l’association et ses amis ont organisé une réception en son honneur, le vendredi 10 novembre à Kitchener, afin de la remercier. La présidente Suzette Hafner a salué à cette occasion une « figure emblématique de l’AFKW, une colonne vertébrale, extrêmement dévouée et compétente », lui souhaitant le meilleur dans ses fonctions de secrétaire à l’école secondaire Père-René-de-Galinée, à Cambridge, qu’elle occupe désormais à temps plein.
« Ce fut un choix difficile, concède cette maman de deux enfants. Nous avons bâti tant de projets et surmonté bien des difficultés, grâce à un travail d’équipe et à force de persévérance. »
Lorsqu’elle a quitté Québec pour Waterloo à l’été 2006, cette géologue a découvert la réalité du contexte minoritaire et éprouvé rapidement le besoin de se connecter à la communauté. « Je cherchais des moyens pour que mes enfants vivent leur francophonie à l’intérieur et à l’extérieur de l’école. »
Alors qu’elle décroche une subvention pour l’école de ses enfants, le président-fondateur de l’AFKW Robert André reconnaît en cette nouvelle venue une personne déterminée, qui a des ressources. Recrutée en février 2007, la nouvelle coordonnatrice met alors à profit ses qualités de chef de projet dans l’industrie des ressources naturelles et se lance un premier objectif : obtenir une subvention pour éditer un annuaire des services francophones. Plusieurs initiatives suivront telle que la création en 2007 du tournoi d’échec pour les jeunes – dans lequel Nathalie Bouchard a su impliquer les deux conseils scolaires – et du festival d’art francophone, impulsé en 2009 par le regretté président Yves Beretta.
« C’était une idée folle et ambitieuse dans une région où l’on représente moins de 2 % de la population. Mais l’art a eu pour effet de rallier beaucoup de francophiles », raconte-t-elle. Ce point de départ nous a permis de croire que c’est possible et que, si on voulait exister, il fallait sortir des sentiers battus, aller frapper à toutes les portes. »
Ce qu’il manque aux francophones de la région, selon Nathalie Bouchard, c’est un local accueillant où se retrouver et des services en français. « Obtenir des subventions est une chose mais il faut être capable de s’autofinancer au-delà de trois ou quatre ans, indique-t-elle. Les loyers sont si excessifs que le seul espoir est la création d’une nouvelle école qui pourrait accueillir l’association. Quant au projet de région désignée, pour lequel nous nous sommes battus en 2008, le manque d’appui politique et le refus du dossier ultra détaillé de Durham a quelque peu éteint notre feu. Mais on n’a pas abandonné! On focalise nos efforts sur une désignation de l’ensemble de la province que défend l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. »
Autant de dossiers que reprendra dorénavant la Marseillaise Margaux Court, nouvelle coordonnatrice, au sein d’une association toujours aussi active dans le développement culturel de la francophonie.