L’inauguration, le dimanche 12 novembre à St. Catharines, d’un monument dédié aux 137 travailleurs qui ont perdu la vie lors de la construction du canal Welland a soulevé beaucoup d’émotion parmi les descendants des victimes, dont plusieurs familles francophones.

Édifié à proximité de l’écluse numéro 3 et du Musée de St. Catharines, le mémorial dévoilé en présence du maire Walter Sendzik et du président du Conseil régional Alan Caslin comporte quatre éléments : le Socle, le Voile, l’Écluse et la ligne du temps, ainsi que la Porte du souvenirs qui recense les décès survenus au cours du gigantesque chantier de 1914 à 1935, qui a mobilisé des travailleurs de toutes les communautés, originaires de 16 pays.

Ce monument représente l’aboutissement de plusieurs années de recherche, de planification et de collectes de fonds du Welland Canal Fallen Workers Memorial Task Force. Ce groupe de travail a recueilli depuis 2013 près d’1,2 million $ pour concrétiser le projet. Il est aussi parvenu à dresser un portrait précis de chacune des 137 victimes, dont 10 étaient des francophones venus dans la Péninsule depuis les Maritimes, le Québec et Ottawa à la recherche d’un travail à une époque où la Première Guerre mondiale avait provoqué une pénurie de main-d’œuvre considérable.

William Thibeau, aide-menuisier venu du Cap-Breton, fut le premier de cette macabre série, victime, le 29 mai 1922, d’une chute mortelle du sommet d’une tour de bétonnage. Antoine Cherrière, inspecteur du gouvernement, s’est quant à lui noyé le 11 mars 1923 à St. Catharines en tentant de percer un trou dans la glace pour éviter que le chantier soit inondé.

Les cousins Wilfred Lacroix et William Larocque ont tous deux perdu la vie dans le tunnel à l’écluse 5 de Thorold, le 8 novembre 1924. Elzéar Lynch, Canadiens français d’adoption, est mort écrasé sous une dalle de béton, le 1er août 1925.

Le contremaître Ira Mahon est décédé le 28 janvier 1927, écrasé par une tour de forage au Sud de Welland. La même année, Achille Bisson se noyait dans l’effondrement d’un barrage provisoire le 10 décembre, lors des préparatifs du pilier Est pour le pont de la rue Main, à Welland.

1928, année la plus meurtrière, vit la disparition de trois autres francophones. Huileur sur drague hydraulique, Edward Morin a été happé par une machine le 5 avril. Léon Dion, attacheur de char originaire de Beauce-Jonction, est mort le 3 août dans l’effondrement de la porte de l’écluse 6. Originaire de Grenville, Joseph Dumoulin a perdu la vie dans l’effondrement d’un mur au sud-est de l’écluse 7 actuelle, à Thorold, le 20 octobre.

À la suite des discours officiels et de plusieurs scénettes théâtrales et musicales, les noms des 137 travailleurs ont été prononcé un à un dans un silence total pour rendre hommage à ces travailleurs qui ont péri dans la construction d’une des plus grandes merveilles d’ingénierie du Canada. La promesse faite il y a 85 ans, lors de l’inauguration du canal, de les honorer est désormais tenue.

Photo : Descendants des ouvriers décédés, membres de la communauté et élus de la régions ont assisté au dévoilement du mémorial.