Il y a plusieurs façons de raconter une histoire : de vive voix, par écrit, en photos, en chansons, etc. Les arts constituent la voie royale pour partager un vécu et, en cette année des 150 ans de la Confédération, le Musée des beaux-arts de Hamilton a compris que le Canada a du vécu à revendre. Ce ne sont donc pas moins de six expositions sur ce thème qui, le 28 juin, ont été ouvertes au public.
Il ne s’agit cependant pas nécessairement d’histoires heureuses, mais qui au moins éclairent le visiteur sur diverses facettes de la vie en société au Canada. Ainsi, des sculptures inuites de la Collection Chedoke seront en montre. Ces œuvres se distinguent en ce qu’elles lient deux régions aussi contrastées qu’éloignées : l’Arctique et la ville de Hamilton. En effet, dans les années 1950 et 1960, la tuberculose était presque éradiquée dans le sud du pays alors qu’elle continuait à faire des ravages dans le nord. Les malades, en l’occurrence des Inuits, étaient souvent hospitalisés dans les grands centres et c’est ainsi que 1300 d’entre eux furent soignés au Hamilton Mountain Sanatorium. Pour passer le temps, plusieurs firent de la sculpture et ce sont ces œuvres qui aujourd’hui peuvent être vues au Musée.
Les Autochtones occupent décidément une place importante au sein de ce que les curateurs ont voulu offrir au public. Ainsi, une autre exposition présente des œuvres jamais dévoilées de Kenojuak Ashevak et de son neveu Tim Pitsiulak, deux dessinateurs inuits. Toujours dans la thématique du Grand Nord, l’artiste Barry Pottle, originaire du Labrador, a documenté par la photographie le système mis en place par le gouvernement fédéral, des années 1940 aux années 1970, avec lequel les Inuits étaient identifiés par un médaillon et un numéro plutôt que par leur nom.
D’Iqaluit à Windsor et d’Halifax à Vancouver, le Canada est constellé d’ateliers de peintres, sculpteurs, danseurs, etc. Comment les artistes y travaillent-ils au jour le jour? C’est ce que Joseph Hartman, un photographe de Hamilton, a entrepris d’immortaliser pendant cinq ans. Dans une veine plus historique, l’exposition Behind the Scene explore et réinvente l’atelier d’artiste typique tel qu’il s’en trouvait en France au XIXe siècle. À cette époque, ces lieux constituaient des espaces de travail pour les créateurs mais aussi de rencontres sociales et de débats, d’exposition, de vente, etc., et l’exposition retrace ces multiples vocations.
Finalement, les visiteurs pourront voir une série de collages réalisés avec des photos tirées de numéros des années 1950-1960 du magasine JET, une publication destinée aux Afro-Américains. Oeuvre de Stylo Starr, une artiste de Hamilton, ces collages révèlent les questionnements personnels de leur auteure quant à son identité culturelle.
Le Musée des beaux-arts de Hamilton représente une belle idée de sortie que tous apprécieront. Il est situé au 123, rue King ouest et est ouvert du mercredi au dimanche. Entre la baignade, le barbecue, le vélo et le camping, quelques heures au frais à admirer les œuvres d’artistes canadiens constituent une activité qui s’harmonise bien avec la détente estivale.
Photo (crédit Dorset Fine Arts): The Day Before de Tim Pitsiulak.