Le 24 septembre dernier, après son assemblée générale annuelle, le Centre français Hamilton avait à son programme une représentation théâtrale hors de l’ordinaire. C’est devant une salle comble que Love is in the Birds, étrange monologue à cinq accompagné d’interludes musicaux, a permis aux comédiens du Théâtre du Trillium, une compagnie d’Ottawa, de faire la démonstration de leur facilité à faire beaucoup avec peu.

En effet, c’est debout, devant leur micro et sans autre artifice que leur interprétation que les comédiens ont donné vie à un texte signé d’une douzaine d’auteurs d’ici et d’ailleurs. Love is in the Birds : une soirée francophone sans boule disco a depuis l’année dernière connu un succès aussi remarquable qu’inattendu. Il faut dire que l’œuvre s’éloigne du théâtre traditionnel par un concept à l’abord un peu difficile mais qui sait titiller la curiosité du public. Comment, en effet, différents auteurs au style les plus éclatés s’inspireront-ils de la chanson L’arbre est dans ses feuilles de Zachary Richard pour aborder le thème de la transmission intergénérationnelle?  

Les cinq comédiens compensent le peu de marge donné au geste à grand renfort d’éloquence afin de rendre le ton de chaque composition. Chacun s’exprime à plusieurs reprises au cours de la pièce mais rarement en interaction avec les autres. Le rythme est rapide, nerveux, et de nombreuses pointes d’humour, souvent ironiques, émaillent l’oeuvre. Un peu à l’écart du quintet de comédiens, un sixième artiste attire de temps à autre l’attention des spectateurs par ses chansons et ses effets sonores : l’auteur-compositeur-interprète Stef Paquette. Ce dernier vient joyeusement troubler l’atmosphère avec des chansons liées de près ou de loin aux thématiques abordées, mais toujours sympathiques à entendre.

C’est Anne-Marie White, metteuse en scène du spectacle et directrice artistique du Théâtre du Trillium, qui a eu l’idée de demander à des auteurs de s’exprimer en se basant sur L’arbre est dans ses feuilles. Le concept peut sembler un peu abstrait à première vue mais les spectateurs se rendent vite compte de tout son potentiel. Car l’arbre, que Zachary Richard décrit longuement dans sa célèbre chanson, n’est-il pas une excellente image pour illustrer la thématique de la transmission? Sa longévité parfois exceptionnelle rappelle le temps qui passe, de génération en génération; sa souche peut bien sûr référer à l’enracinement au sens métaphorique; comme symbole de la nature, il questionne le rapport de l’Homme à celle-ci; etc. Le public se trouve confronté à un véritable jaillissement d’idées, réunies pour cette pièce en un bouquet fait de métaphores et de références parfois lointaines aux feuilles, branches, nœuds, nids, etc.

C’est donc en force que le Centre français Hamilton a inauguré sa saison artistique et la salle de théâtre qui constituera désormais un haut lieu de la vie francophone de la région. Fidèle à lui-même, l’organisme a offert un divertissement de grande qualité qui a su charmer son public.

Photo : Du théâtre expérimental