Soirée d’élection présidentielle américaine très suivie partout dans le monde et, de façon particulière, dans la région de Windsor, le mardi 8 novembre. En milieu de soirée, alors qu’il devenait évident que la lutte serait serrée et que Trump risquait d’être élu, les réactions des gens d’ici sur les médias sociaux allaient de la désolation « Faudra-t-il nommer le 8 novembre comme jour national de deuil national si ça arrive? » à l’humour « La frontière canadienne sera fermée à compter de 5 h 30, le 9 novembre, jusqu’au mois de novembre 2020 » ou encore « Je suis disponible pour me marier pour vous permettre d’obtenir la citoyenneté canadienne. Les enchères débutent à 50 000 $ »

Autour de 2 h 30 du matin, Donald Trump, président désigné, après avoir reçu un appel de Mme Clinton le félicitant pour son élection, s’est adressé à ses troupes en livrant un discours axé sur le rassemblement des forces vives de la nation. Au réveil, impossible à manquer, les Canadiens apprenaient que ce qui semblait impossible il y a quelque 600 jours était arrivé et que, dorénavant, celui dont l’équipe avait bloqué le compte Twitter quelques jours avant l’élection de crainte qu’il se mette les pieds dans les plats allait être, pour les quatre prochaines années, l’homme le plus puissant de la planète.

Windsor étant littéralement sur la frontière, ce résultat a soulevé quelques inquiétudes notamment au plan économique. Ainsi, plusieurs prennent très au sérieux la promesse du 45e président américain de déchirer l’Accord de libre-échange nord-américain. Pour la région de Windsor, cela pourrait se traduire par un sérieux ralentissement économique s’il fallait, par exemple, que l’industrie automobile soit touchée.

Le sort du futur pont Gordie Howe en préoccupe plusieurs également, surtout avec la récente offensive du propriétaire du pont Ambassador d’aller de l’avant avec son projet qui ajouterait un autre pont. Cependant, le président Obama a signé le décret autorisant le projet du DRIC, les permis de construction ont été émis, les fondations de la plaza douanière sont réalisées du côté canadien, et les expropriations vont bon train du côté américain sans compter que l’autoroute Herb Gray est maintenant complétée. En général donc, si les médias et les experts en politique font grand bruit du résultat, pour les gens de la région, il est difficile d’imaginer que le président Trump pourra, en quatre ans, complètement bousiller les relations canado-américaines ancrées dans une longue tradition.

Là où la surprise est plus marquée, c’est sur la personnalité publique connue de M. Trump. Décrit comme un menteur, narcissique, misogyne et raciste, l’homme n’a pas une grande cote de sympathie de ce côté-ci de la frontière et peu de gens croient qu’il parviendra à changer en cours de mandat. C’est avec beaucoup de retenue qu’ils considèrent laisser la proverbiale « chance au coureur ». Certains à Windsor ont même amorcé une campagne sur les réseaux sociaux en faveur d’une candidature de Michelle Obama pour 2020.

Daniel Richard