À l’initiative du Centre d’aide et de lutte contre les agressions sexuelles de Niagara (CARSA) et en collaboration avec d’autres organismes du secteur dont le Programme de prévention des agressions sexuelles faites à la femme du Centre de santé communautaire Hamilton/Niagara – une centaine de femmes et de jeunes filles ont arpenté, le soir du jeudi 15 septembre, bougies allumées en main, les artères du centre-ville de St. Catharines dans un tintamarre fait de sifflets et slogans.
La manifestation « Reprenons la nuit » avait pour objectif de revendiquer le droit des femmes de circuler la nuit sans craindre pour leur sécurité. Ainsi, des femmes de tous âges, auxquelles se sont joints des hommes, se sont donné rendez-vous, peu avant la tombée du jour, entre l’hôtel de ville de St. Catharines, la bibliothèque centrale et le bureau de la police de la région de Niagara. C’est là que, pendant près de deux heures, ces femmes ont exprimé leur colère contre toutes les violences qui leur sont faites pour dire « Y en a marre, il faut arrêter ».
Les femmes ont exprimé leurs peurs à se retrouver seules sur la place publique surtout quand il fait nuit. Elles redoutent d’être victimes d’agressions sexuelles. La violence faite à la femme n’est pas une vue d’esprit de quelques féministes. C’est une réalité mondiale qui n’épargne ni le Canada et encore moins la région de Niagara.
En effet, pour ne parler que de la violence à caractère sexuel, selon des chiffres de la Direction générale de la condition féminine de l’Ontario, 1 Canadien sur 3 subira une agression sexuelle à l’âge adulte, les femmes sont 11 fois plus nombreuses que les hommes à être victimes d’une agression sexuelle, 90 % des agressions ne sont pas signalées à la police parce que les femmes ont peur de ne pas être crues et dans 99 % de cas d’agressions sexuelles présumées, l’auteur est un homme.
Comme l’a indiqué Germaine Uwamahoro de l’équipe contre la violence et les agressions à caractère sexuel du Csc Hamilton/Niagara, la règle d’or dans cette matière est de briser le silence qui l’entoure.
« Il faut en parler… il faut encourager les victimes à parler », ajoute Germaine qui a conduit une délégation francophone à cette manifestation. Des victimes ou proches de victimes se sont succédé au micro pour livrer des témoignages poignants du jour où cela leur est arrivé.
L’une des victimes avait 15 ans au moment des faits. Dans une voix saccadée, elle raconte que son « péché » était simplement de marcher pour se rendre à son domicile, d’aller au centre commercial.
Une autre a crié sa colère en dénonçant le sexisme. « Mon nom n’est pas ma belle ni mon petit cœur, lance-t-elle à l’endroit de ceux qui interpellent les filles qu’ils ne connaissent pas avec des propositions indécentes.
Une autre victime est venue dire qu’elle a dû attendre cinq ans pour en parler. « Tout le monde me disait de la fermer… Quand tu dénonces, on te déteste et on dit que tu mens, déclare Christie qui insiste à l’endroit des victimes : « Brisez le silence… Votre voix est votre arme la plus puissante, utilisez-la ».
Avant d’allumer les bougies et de faire le tour du centre-ville de St. Catharines, une déléguée du CARSA a lu une litanie de noms de personnes de la Péninsule décédées depuis le début de l’année à la suite des violences dont elles ont été victimes. Parmi elles, certaines étaient des travailleuses du sexe.
Donat M’Baya