Il y a toujours du nouveau au Festiv’Ébène de Sofifran. Ainsi, pour la 7e édition de son festival, l’organisme s’est associé à une institution de taille de la région du Niagara pour faire connaître une facette méconnue des cultures africaines. L’Université Brock a en effet accueilli une exposition sur les scarifications accompagnée d’une conférence sur le sujet.

Présentée du 11 au 14 février, l’exposition consistait en des photos, des artéfacts et des œuvres d’art. C’est aussi à cette occasion que Sofifran a procédé à l’ouverture officielle de son festival le 13 février, à laquelle ont assisté une trentaine de personnes, pour l’essentiel des étudiantes et du personnel de l’université. En effet, ce premier partenariat entre Festiv’Ébène et l’Université Brock s’est révélé extrêmement positif et fructueux. Il a notamment permis à l’organisme de nouer des contacts avec des gens qui se sont impliqués pour la première fois auprès de son activité phare. 

Josette Aubourg, vice-présidente de Sofifran, a d’abord expliqué en quelques mots à l’assistance ce en quoi consistent l’organisme et son festival. Puis, Nadine Fagegaltier a pris la parole pour faire une présentation sur la pratique traditionnelle des scarifications en Afrique.

Celles-ci consistent à inciser la surface de la peau pour créer des motifs qui, en se cicatrisant, demeureront permanents. Dans toutes les régions du continent africain se trouvent des peuples qui se sont adonnés à ces techniques de modification corporelle. Bien que toujours pratiquée, la scarification est une pratique qui tend à disparaître et ces motifs incrustés dans la peau se rencontrent beaucoup plus souvent chez les personnes âgées que chez la jeune génération.

Les raisons qui expliquent l’existence des scarifications éclairent également le pourquoi de leur raréfaction. Dans l’Afrique d’autrefois, lorsque les vêtements se réduisaient souvent à bien peu de chose, c’était uniquement par le corps que l’individualité ou l’appartenance à un groupe pouvaient s’exprimer, d’où le besoin de le décorer. Aujourd’hui, les innombrables possibilités offertes par les vêtements comme vecteur de créativité ou de symbolisme font perdre aux scarifications leurs raisons d’être, voire plus simplement les occasions d’être exposées.

Ces motifs constituaient aussi une forme de communication : par eux, le statut social, le lieu d’origine et la tribu d’appartenance d’un individu pouvaient être déchiffrés par ses contemporains. Ceci pouvait s’avérer vital en temps de guerre pour différencier les ennemis des alliés lors des combats. Des vertus magiques étaient également associées aux scarifications. Toutes ces variables perdent évidemment leur sens dans la vie quotidienne d’aujourd’hui. Par contre, pour les mêmes raisons que les Occidentaux se tatouent, les scarifications représentaient et représentent toujours une façon d’enjoliver le corps de façon originale.

« C’est la première fois que l’on organise une activité de cette envergure à Brock », confie Fété Kimpiobi, directrice générale de Sofifran, alors que les participants socialisaient tout en dégustant quelques hors-d’œuvre exotiques. Rendu possible grâce au soutien financier de nombreux partenaires, Festiv’Ébène se terminera le 22 février prochain à l’occasion de son grand spectacle.

Photo : Quelques-unes des oeuvres exposées