Le système d’immigration est en pleine mutation au Canada, et pour cause. Nombreux sont ceux qui ont eu à se plaindre de son fonctionnement. Pour plusieurs immigrants, la lenteur du traitement des demandes, le principe du « premier arrivé, premier servi », le manque de cohérence quant au marché de l’emploi et de nombreux autres facteurs ont fait de leur venue au Canada un cauchemar administratif et professionnel. D’ici un an, ces problèmes appartiendront largement au passé, mais les organismes sont-ils bien préparés à ces changements? Et comment l’immigration francophone pourrait-elle tirer son épingle du jeu?

C’est justement pour répondre à ce dernier besoin que le Réseau de soutien à l’immigration francophone du Centre-Sud-Ouest (RSIF) a mis en œuvre, depuis septembre 2013, une action concertée et efficiente. D’abord en étudiant les changements à Citoyenneté et Immigration Canada (CIC) et leur impact sur les immigrants de langue française. Ensuite, en se dotant d’un plan opérationnel basé sur un certain nombre de priorités.

C’est à cette dernière étape du processus de planification que des représentants d’organismes de tout le sud de la province se sont attelés le 21 janvier dernier. Réunis à Hamilton, les participants à la rencontre organisée par le RSIF ont longuement échangé entre eux pour délimiter les contours précis du plan quinquennal. Ce n’était pas que des partenaires communautaires et des fournisseurs de services qui étaient présents mais aussi des représentants de CIC et du ministère ontarien des Affaires civiques et de l’Immigration.
Le plan stratégique en immigration francophone, tout comme les changements à CIC qui entreront en vigueur en janvier 2015, focalise principalement sur la variable économique. Le gouvernement fédéral entend mettre l’accent sur les besoins économiques du Canada en matière d’immigration alors que, jusqu’à récemment, l’attention se portait surtout sur la démographie.

L’objectif du RSIF est de faire en sorte qu’à partir de 2018, la proportion d’immigrants francophones s’établissant dans le sud de l’Ontario soit de 7 %. Ce serait donc 6000 à 7000 locuteurs du français qui, chaque année, viendraient faire leur vie dans un territoire s’étirant du Grand Toronto à Windsor et, d’est en ouest, de la péninsule du Niagara à Sarnia.
Les participants à la réunion de Hamilton étaient séparés en sept groupes. L’amélioration de l’efficience du RSIF a été discutée par l’un d’eux tandis que les six autres se sont penchés sur les « axes d’action » du plan, c’est-à-dire les démarches pratiques pour atteindre les objectifs. À titre d’exemple, Fété Kimpiobi, directrice générale de Sofifran, s’est jointe au groupe ayant étudié l’axe intitulé Développer des services d’aiguillage pré-départ et d’intégration sociale et économique des immigrants francophones.

« Nous avons mis beaucoup de focus sur le réseau en tant qu’organe responsable des immigrants, relate Mme Kimpiobi. On a parlé de renforcer la documentation par rapport à ce qui existe déjà. » En effet, les membres du groupe de discussion en sont arrivés à la conclusion que l’information qui est communiquée aux immigrants n’est peut-être pas tout à fait adéquate et suffisante et surtout, qu’il faudrait les informer davantage avant même leur départ. La vie quotidienne au Canada devrait notamment être expliquée plus en détail à ceux qui envisagent de s’y établir.

Après avoir synthétisé les commentaires et suggestions des participants à la réunion, le RSIF procédera à la rédaction du document final qui sera complété en février. Sa diffusion marquera le lancement officiel du plan opérationnel. Puis, les différents partenaires locaux entreront en action en concomitance avec CIC qui, l’année prochaine, procédera à un inventaire des demandes d’immigration pour cibler les professionnels et les orienter efficacement vers les démarches à suivre pour qu’ils s’intègrent au marché du travail. Un appel d’offres pour les services d’établissement suivra peu après. Pendant ce temps, le RSIF veillera à épauler les immigrants francophones qui s’installent dans le sud de l’Ontario en les aidant, avant même leur arrivée, à se trouver un logement, à inscrire leurs enfants à l’école, à trouver les services de santé, etc.