Richard Caumartin

La Journée canadienne du multiculturalisme, célébrée le 27 juin, rend hommage aux nombreuses communautés culturelles qui contribuent à bâtir une société canadienne forte et dynamique. Dans le Centre-Sud ontarien, ces communautés prennent de plus en plus d’importance dans la francophonie régionale. C’est le cas notamment pour la communauté congolaise qui a profité de l’occasion pour se rassembler dans le cadre d’une double célébration, le dernier jour de juin, à Stoney Creek.

Avec l’appui de Communautés francophones accueillantes et du Centre francophone Hamilton, les Congolais ont fêté le 64e anniversaire de l’indépendance de leur pays d’origine et la Journée canadienne du multiculturalisme avec un gala ayant pour thème Le français dans nos foyers. Pourquoi ce thème? Parce qu’il explore les défis auxquels sont confrontés les familles issues des communautés ethnoculturelles francophones en général face à l’abandon de l’usage de la langue française comme première langue d’enseignement.

« Cet état de fait ne facilite pas une meilleure intégration des nouveaux arrivants, dont la plupart se retrouvent au carrefour des deux langues officielles et finissent par abandonner le français au profit de l’anglais, explique le président de la communauté congolaise, Jean-Jacques Somwe. En revanche, ce thème propose une collaboration efficace des communautés ethnoculturelles francophones de la région en mobilisant leurs membres respectifs pour donner un nouveau souffle d’oxygène à l’usage du français dans nos foyers. »

Animée par Nancy Tshibola et Éric Saïdi-Sadi, deux membres actifs de la communauté congolaise, la soirée a commencé avec l’interprétation des hymnes canadien et congolais, suivie d’une vidéo sur la République démocratique du Congo (RDC). Puis, M. Somwe s’est adressé aux invités.

« Au cours des cinq dernières années, notre communauté a mobilisé plus de 100 000 $ pour venir en aide aux Congolais nouvellement arrivés qui traversent des moments difficiles. C’est la preuve d’un amour profond pour les nôtres. Nous devons être des ambassadeurs fiers de notre culture. Notre génération est responsable de préparer l’avenir de nos enfants. Le conseil d’administration est convaincu que la construction d’un centre culturel serait la réalisation d’un rêve et la solution pour fortifier notre culture et nos bases à long terme, affirme le président de la communauté congolaise.

« À tous ceux qui croient que ce rêve est impossible, je dis que si les 5000 membres de notre communauté font un don de 10 $ mensuellement, ce que plusieurs font déjà pour soutenir notre organisme, nous encaisserons 50 000 $ par mois. Multipliez ce montant par trois et nous aurons près de deux millions de dollars, avec les intérêts, dans trois ans pour mettre en place une fondation durable et viser l’ouverture d’une Maison congolaise. Nos enfants profiteront alors d’une structure organisée pour l’avenir de notre communauté. La balle est dans notre camp! » Cette allocution a suscité des applaudissements nourris de l’auditoire.

L’événement s’est poursuivi avec le discours de Julie Jardel du Centre francophone de Hamilton sur l’importance du français dans les foyers. Elle a parlé de son parcours d’immigrante de la France au Canada et de la nécessité de protéger son identité francophone et de promouvoir l’utilisation de la langue française en milieu minoritaire.

Mme Jardel a fait une comparaison avec le mythe de la tour de Babel pour faire comprendre à l’auditoire l’importance de la communication pour une communauté en situation minoritaire.

« On peut encore justement avec notre français devenir la fondation solide de cette tour qui est celle de communication et d’entraide communautaire. Au-delà de la communication, cette langue permet de transmettre nos valeurs, nos traditions et nos récits. Le français ne doit pas seulement survivre, il doit aussi prospérer. Chaque personne qui choisit de parler français contribue à garder cette langue vivante et dynamique. Nous avons la responsabilité de transmettre notre langue et notre culture à nos enfants. En le faisant, nous enrichissons notre identité culturelle. »

Après les discours, les quelque 200 invités ont profité d’un buffet multiculturel. Des prestations artistiques de Congolais de la région, une vente aux enchères et une danse avec DJ pour célébrer les 64 années d’indépendance de la RDC ont alimenté une soirée remplie d’espoir pour l’avenir de cette communauté.

Photo : Jean-Jacques Somwe, président de l’Association congolaise