Le samedi 5 décembre, Suzan Le Clerk procédera au lancement officiel de son premier album musical. « J’ai eu tellement de bâtons dans les roues pour le faire! », s’amuse-t-elle à présent. Il faut dire qu’il est rare que quelqu’un sorte un premier album à 60 ans bien sonné et, dans le cas de Suzan Le Clerk, son parcours artistique inusité ne se distingue pas que par son âge.
Enseignante d’arts à l’École élémentaire LaMarsh, cette bachelière en chant de l’Université Laval faisait au Québec, d’où elle est originaire, des comédies musicales pour enfants. Malgré son goût pour la musique, la peur de l’échec et du ridicule l’empêchait de poursuivre plus avant ses ambitions dans un répertoire adulte : « Ça ne m’était jamais venu à l’idée de faire mes propres chansons. Je me suis refusée toute ma vie à faire un album ».
À l’automne 2018, une connaissance, Daniel Jean Baptiste, musicien et propriétaire d’un studio d’enregistrement, l’a pourtant convaincue de relever ce défi après avoir constaté son potentiel. Dès janvier 2019, les deux artistes ont alors entrepris de collaborer au niveau de la composition et de l’enregistrement.
« J’avais toujours rêvé de faire carrière comme soliste, explique Mme Le Clerk. Quand Daniel est arrivé, cela a rallumé l’étincelle. Là, j’étais prête et je n’ai pas eu peur de le faire. »
Sur le plan des arrangements et de l’instrumentation, Daniel Jean Baptiste a fait en sorte que les chansons soient modernes et accrocheuses. Les paroles sont surtout de Suzan Le Clerk : « Je suis très surprise de ce que j’arrive à écrire », confie-t-elle. Son mari, René, est compositeur, ce qui lui a permis de parfaire ses connaissances sur le plan pratique : en effet, Mme Le Clerk a déjà enseigné les rudiments de l’écriture musicale dans une institution d’enseignement postsecondaire de Québec mais ne s’était jamais essayée à pratiquer cet art pour son propre compte.
C’est au cours d’une période difficile de sa vie qu’elle s’est d’ailleurs lancée dans cette aventure : elle se relevait alors d’une dépression et, en 2019, il y a eu un décès et une séparation dans sa famille. « À travers ça, j’ai quand même eu beaucoup de positif », constate-t-elle. D’ailleurs, le titre de l’album, Belle est la vie, rend compte du ton et du propos de ses chansons qui invitent à poser un regard sur ce qui rend heureux et à ne pas s’empêcher de vivre.
La maturité y est aussi pour quelque chose dans les réflexions véhiculées par la prose de l’artiste : « Je n’aurais pas écrit les mêmes chansons à 20, 30 ou 40 ans. Je n’avais pas le même vécu ».
Belle est la vie comprend neuf chansons au style fusionnant le classique et la pop, une particularité qui sied bien à la voix de Suzan Le Clerk. Les touches de jazz et de blues en font un produit unique. Qui plus est, les musiciens aux origines diverses qui ont entouré la chanteuse ont enrichi sa musique d’une dimension exotique.
La pandémie et ses restrictions ont été le dernier obstacle auquel s’est mesurée Mme Le Clerk dans la réalisation de son rêve. Afin de se plier à une date butoir du Conseil des arts de l’Ontario et pour enfin passer à d’autres projets artistiques, le lancement de son album a été fixé au 5 décembre et se tiendra à la Battlefield Church à Niagara Falls. Deux concerts auront alors lieu, l’un à 14 h 30, l’autre à 18 h 30. Or, comme chacun sait, tout peut changer à tout moment avec les politiques sanitaires du gouvernement, de sorte qu’il est nécessaire de se tenir au courant des chambardements de dernière minute.
Cela dit, si rien ne change d’ici là, le lancement se déroulera en suivant les consignes de distanciation qui s’imposent et le goûter sera distribué à l’assistance dans des plats fermés pendant le cocktail. Les billets sont en vente au coût de 25 $ et, pour ceux qui ne pourront ou ne voudront pas y assister en personne, des billets à 10 $ sont offerts pour assister au spectacle en ligne. Dans les deux cas, des prix de présence seront tirés au sort. Qui plus est, l’album Belle est la vie est disponible sur la plateforme Spotify.
« Je suis une Québécoise de coeur mais une Franco-Ontarienne d’adoption. J’aime mon milieu, confie la chanteuse. J’ai compris que ma langue est importante quand je suis arrivée ici. » En effet, il ne faut pas se tromper : Suzan Le Clerk est en fait un nom d’artiste dont l’utilité est de conserver aussi privés que possible ses comptes personnels sur les médias sociaux. Il s’agit aussi d’un clin d’oeil à ses années passées dans une chorale de Niagara Falls où la prononciation et la graphie de son nom sont longtemps demeurées déroutantes pour ses acolytes.
Peu importe l’âge, il est toujours possible d’entreprendre de grands projets et à plus forte raison si c’est ce à quoi on s’est destiné toute sa vie. Bravo à Suzan dont l’histoire est une inspiration pour tous!
PHOTO – Suzan Le Clerk dans le vidéoclip de la chanson Rappelle-Moi