À peu près tous les organismes ont eu à subir les contrecoups de la pandémie. Le Centre communautaire francophone de Cambridge (CCFC) ne fait malheureusement pas partie des exceptions et son conseil d’administration commence à s’inquiéter pour l’avenir de cette véritable institution.
« On est dans une position où on n’a pas de location ou de danse à tous les mois », explique la présidente Louise Godin. En effet, bien que l’organisme soit particulièrement connu de la communauté de langue française pour certaines activités spécifiques, il tirait une grande partie de ses revenus de ces locations ouvertes à toute la population.
La fermeture, en mars, a forcé le CCFC à rembourser ceux qui avaient réservé, parfois jusqu’à deux ans à l’avance, pour l’utilisation de la salle. Selon le vice-président Paul Lemay, 30 000 $ ont ainsi été rendus jusqu’à maintenant, une somme à laquelle devrait s’ajouter sous peu un autre montant de 13 000 $.
« On va s’endetter jusque par-dessus la tête », craint M. Lemay, qui n’hésite pas à évoquer une possible faillite, l’organisme devant continuer à payer ses taxes, une assurance, l’électricité, etc. Cela, c’est sans compter les coûts associés à d’importantes rénovations à la toiture et au système de chauffage qu’il était question d’entreprendre cette année mais qu’il a fallu remettre à plus tard.
« Je ne sais pas ce qu’on va faire. Dans la région de Kitchener-Waterloo-Cambridge, c’est la seule salle pour les francophones », fait remarquer le vice-président.
Les activités culturelles en français pâtissent depuis des mois de la situation et ce n’est pas à la veille de se terminer. À ce propos, le souper de Noël qui remplit chaque année le CCFC de convives n’aura pas lieu, l’événement demandant un mois de préparation ce qui, dans les circonstances actuelles, est impossible.
Pour le moment, le centre est géré au jour le jour par cinq personnes. Avec la présidente et le vice-président, la trésorière Louise Kruithof et la secrétaire Christine Lemay O’Connor constituent le noyau central du conseil d’administration qui veille à l’essentiel et aux affaires urgentes. Une coordonnatrice est également à l’emploi de l’organisme mais elle planifie de quitter ses fonctions au cours du mois de novembre.
Mentionnons que l’assemblée générale annuelle, qui se tient habituellement en juin, a été reportée à une date indéterminée. Contrairement à bien des organismes, le CCFC a préféré ne pas tenter l’expérience du virtuel puisque bon nombre de ses membres, incluant certains administrateurs, sont âgés et ne disposent pas d’une connexion internet.
Cela dit, tout n’est pas perdu pour le CCFC qui travaille présentement à des demandes de subvention. En cette période de crise, organismes, institutions et entreprises ont eu droit à la manne gouvernementale destinée à les sauver du pire et on voit mal comment un centre communautaire aussi bien enraciné et, en temps normal, aussi achalandé se verrait refuser ce coup de main.
Mais cela sera-t-il suffisant? Quoi qu’il en soit, cette mise à l’arrêt des activités ne pourra se perpétuer bien longtemps sans affecter irrémédiablement le CCFC.
Louise Godin ne se laisse cependant pas abattre : « On essaie de garder le moral. On espère passer au travers de tout ça. Ça fait trop longtemps que le Centre existe pour qu’on puisse le perdre ». Ne reste plus qu’à espérer que son optimisme ne sera pas déçu.
PHOTO – Le Centre communautaire francophone de Cambridge est déserté depuis la mi-mars.