Depuis le 23 octobre, 13 élèves des écoles secondaires Confédération et Jean-Vanier, à Welland, apprennent les ficelles des métiers de la radio. Ces apprentis animateurs, chroniqueurs et techniciens disposent de 15 jours pour réaliser une émission de quatre heures, le samedi 4 novembre, sur les ondes de Radio-Canada.
L’animateur et réalisateur de Grands Lacs café, Éric Robitaille, non seulement leur cédera la place de 7 h à 11 h pour une émission en direct du Centre de santé communautaire Hamilton-Niagara, mais aussi les prépare à réussir leur projet, avec la complicité du journaliste culturel Michel Laforge. « C’est un défi car on part de zéro, confie-t-il. On les rencontre dans leurs écoles respectives au rythme d’une heure par jour. On cherche à connaître leurs centres d’intérêt pour voir comment on peut les transposer sous forme de chroniques, d’entrevues ou de débats et structurer une émission complète. »
Au contact d’artisans aguerris qui font de la radio en français, ces jeunes se familiarisent avec un univers aux facettes multiples. « On leur dit comment poser les bonnes questions, structurer une chronique, relancer un débat et distinguer les faits du commentaire, précise M. Robitaille. On leur apprend aussi les aspects plus techniques comme la vidéo. »
Un projet inédit auquel Simon Yeomans est ravi de participer. Cet élève en 10e année à Confédération y trouve doublement son compte : l’introduction à la vidéo va m’apporter les connaissances nécessaires pour réaliser ma propre chaîne YouTube bilingue et, pour l’émission, je vais exprimer ma passion pour l’histoire en préparant une chronique sur les francophones de Welland. »
Élève à Jean-Vanier, William Tam est tout aussi enthousiaste : « On est entourés d’images et de vidéos tous les jours sans savoir comment elles sont fabriquées. En devenir acteur est une chance pour nous. Cela nous donne des compétences supplémentaires. »
Au cours d’un atelier sur la vidéo numérique à l’école Jean-Vanier, le mercredi 25 octobre, le réalisateur Frédéric Lacelle a ainsi démystifié les notions d’éclairage, de composition de l’image et l’utilisation des réseaux sociaux, tandis qu’Éric Robitaille mettait à l’épreuve un autre groupe de jeunes, à l’école Confédération dans une séance de débat houleuse sur le billard : jeu ou sport?
Ces ateliers d’une heure, qui vont s’enchaîner tous les jours jusqu’au 4 novembre, sont une initiative de la Maison de la culture francophone du Niagara. « Cela répond à notre mission principale : unir les francophones et affirmer leur présence dans toute la Péninsule, pour préserver la pratique de notre langue », indique le président Marc-Yvain Giroux.
Pour ce retraité de l’enseignement, cette reconquête passe indéniablement par les jeunes et la technologie. Cette génération, peu consommatrice de contenus radiophoniques francophones, peut « prendre conscience que la radio est un lieu d’écoute de programmes dans sa langue et d’expression entre citoyens », ajoute M. Giroux. Ce projet est le premier de trois volets. L’organisme travaille en effet à la fondation d’une chorale et d’un groupe de danse folklorique composés de jeunes des écoles élémentaires. Il planche aussi sur une représentation théâtrale avec des élèves au niveau secondaire avec le Théâtre français de Toronto.
Capitalisant sur une subvention de 12 000 $, la Maison de la culture francophone du Niagara prévoit d’organiser d’autres activités éducatives et culturelles en lien avec la littérature, la musique et le théâtre, tels que des clubs de lecture et des conférences qui inciteront les jeunes à garder leur langue et parler entre eux en français.
Photo : un vif débat à l’école Confédération, sous les yeux du réalisateur Éric Robitaille et du journaliste Michel Laforge, de Radio-Canada.