Un passé autant marqué par la souffrance que par la force de caractère, tel est l’objet des célébrations du Mois de l’Histoire des Noirs. Pour l’occasion, de nombreux artistes de couleur ont fait le déplacement à Hamilton du 2 au 8 février, afin de participer au festival Roots en Route. 

L’alléchant programme est parvenu à regrouper des musiciens de tous horizons, dont deux francophones. Étoile montante des musiques du monde, la chanteuse et interprète malienne Fatoumata Diawara a ouvert l’évènement. Une prestation magistrale, combinant son amour pour le chant wassoulou traditionnel à ses talents d’actrice. Bien plus qu’une « simple » diva, son jeu de scène particulier s’explique par une série de rôles obtenus dans des pièces de théâtre parisiennes ainsi que dans plusieurs films. Multipliant les allers et retours entre l’Afrique et l’Europe, elle a su donner une dimension internationale à sa musique tout en restant fidèle à ses racines qui, si elles n’ont pas été toujours tendres avec elle, ne font pas moins partie de son être. En habituée des planches, elle a communiqué à l’audience d’Hamilton toute sa joie et sa fierté d’être sur place le dimanche 2 février. 

La musique a cohabité avec l’image le lendemain lors d’une soirée documentaires, films politiques et histoire sociale. Parfaite occasion pour explorer en profondeur toutes les problématiques soulevées par un sujet aussi large. Ainsi, les intéressés ont pu visionner Welcome Back Peter Bossman, l’histoire du premier maire noir d’Europe de l’Est, et Music – A Family Tradition, un reportage sur quatre familles ayant la musique dans le sang.

Toutes les formes d’expression y passent, comme en atteste la soirée Spoken Word qui a eu lieu le 6 février. Il s’agissait d’un genre de poésie orale prodiguée par Andrea Thompson et Dwayne Morgan, deux références en la matière. Un bon échauffement avant de profiter des ondes freejazz sud-africaines de Trinity Mpho et Tich Maredza.

Le vendredi 7 février mit en lumière une nouvelle voix francophone. Les Montréalais d’origine tchadienne du groupe H’sao ont pris le micro pour distiller des notes afro-pop au public. Mêlant gospel et rythmes africains, leurs voix puissantes les font sortir du lot et en ont étonné plus d’un. Écumant les différentes manifestations musicales canadiennes, ils ont été maintes fois nommés et primés pour leur talent. Leur dernier album en date, Oria, sorti en 2013 a été salué par la critique et continue encore de faire parler de lui. Bref, une leçon musicale qui a toute sa place dans pareil festival. Ce concert fut suivi par celui de Canadian Winter, un groupe de hip-hop local.

Enfin, le samedi 8 février, dernière journée du festival, a été axé sur la danse avec les démonstrations de Kevin A. Ormsby et Jasmyn Fyffe. La chanteuse funk-jazz, Sharon Musgrave, est venue conclure le tout avec une explosion de saveurs musicales. Un choix approprié pour une semaine de festivités sortant vraiment de l’ordinaire.

Photo : Fatoumata Diawara